Du 13 au 24 mai 2009,

vivez le festival de Cannes

au quotidien.

Ne ratez rien grâce au journal de bord de Philciné




Photos Floues de vedettes



Et surtout, critiques de films seront à lire sur ce journal de bord. La compétition, la quinzaine des réalisateurs, la semaine de la critique, un certain regard, tout tout tout, vous saurez tout sur cette page spéciale.

Jeudi 16 avril 2009

Plus que quelques jours avant que les affiches du festival de Cannes 2009 ne soient dévoilées au grand jour. Quand on dit les affiches, il faut entendre, les films de la compétition officielle et ceux des sections parallèles comme la Quinzaine Des Réalisateurs et la Semaine Internationale de la Critique. Dans cette dernière, l’on sait déjà que Juan Antonio Bayona, réalisateur du remarqué et remarquable L’ORPHELINAT, ainsi que Juan Carlos Fresnadillo aux commandes, lui, de 28 SEMAINES PLUS TARD, seront parrains de la 48ème édition de la Semaine International de la Critique. Si la sélection sera dévoilée jeudi 23 avril au soir, il faudra attendre le 24 mai pour assister aux premières projections des films retenus. Idem pour la 41ème Quinzaine des Réalisateurs qui  se tiendra du 14 au 24 mai. A ce jour, le seul film dont on soit quasiment certain de la présence est le drame canadien POLYTECHNIQUE, un long métrage de Denis Villeneuve qui évoque un fait divers qui a secoué le Québec en 1989 lorsqu’un jeune homme tua 14 étudiantes de l’Ecole polytechnique de Montréal avant de retourner l’arme contre lui. 



La sélection officielle quant à elle devrait accueillir  ANTICHRIST, de Lars Von Trier. Déjà Palme d'Or en 2000 pour DANCER IN THE DARK, le danois devrait créer la sensation, voire la polémique. ANTICHRIST est annoncé comme sulfureux et terrifiant. Il met en scène Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe. Ils jouent un couple réfugié dans une cabane isolée au milieu d’une forêt. Loin de toute civilisation, ils cherchent à se remettre du décès de leur enfant. C’est dans ce décorum que les 2 parents vont comprendre que le monde a été créé par le Diable et non par Dieu. S'il est sélectionné, une chose est sure, c'est que ce film de genre n’a aucune chance d’être palmé car rappelons qu’à Cannes, les films de genre ne figurent jamais au palmarès, à moins qu'Isabelle Huppert en décide autrement. Pour vous faire une idée, matez donc la bande annonce de ANTICHRIST.





Si la présence de Lars Von Trier à Cannes ne fait aucun doute, celle de Pédro Almodovar devrait également être confirmée. Habitué de la croisette, le cinéaste espagnol s'est ramassé une volée de bois vert lors de la sortie en Espagne de LOS ABRAZOS ROTOS le 19 mars dernier. Comme souvent, la critique a détesté ce nouvel opus alors que le public, lui, a suivi Almodovar. A ce jour, 2 millions de spectateurs espagnols ont déjà vu ce 17e film pour lequel Almodovar a choisi de narrer l'histoire d'un écrivain et cinéaste qui se souvient, 14 ans plus tard, du terrible accident qui le rendit aveugle et qui tua la femme qu’il aimait, incarnée par Pénélope Cruz. Sortie prévue en France de LOS ABRAZOS ROTOS, les étreintes brisées, le 19 mai. En attendant, voici quelques images.



Quant au chouchou cannois, il devrait être de retour cette année, pas pour une master class, mais bel et bien dans la compétition officielle. Selon les frangins Weinstein, leur protégé Quentin Tarantino pourrait en effet profiter du festival de Cannes pour tester en grandeur nature ses 12 salopards version déjantée: INGLORIOUS BASTERDS avec entre autre Brad Pitt et Mike Myers. Le trailer est dores et déjà tombé sur le net en février dernier. Pour ceux qui ne l'ont pas encore vu, le voici.




Vendredi 17 avril

Poursuivons avec les possibles sélectionnés au prochain festival de Cannes. Ca et là sur le Web, certains crient tout haut se que beaucoup pensent tout bas: Francis Ford Copppola pourrait abandonner momentanément ses vignes pour venir promouvoir TETRO. A défaut de vous proposer des images de ce nouveau long métrage qui mettra en scène entre autre Vincent Gallo, voici une vidéo de présentation de TETRO, tournée par Coppola lui-même.



Petite traduction pour ceux et celles qui ne pratiquent pas la langue de Shakespeare: TETRO a été tourné entre Buenos Aires et la Patagonie. Le film, en noir blanc, dresse le portrait d'une famille d'artistes italiens installés en Argentine, famille gangrénée par de féroces rivalités. Bien qu'étant une pure fiction, Coppola a piocher quelques éléments dans sa propre vie pour nourrir TETRO. A suivre, à Cannes ou plus tard!


Autres noms qui circulent ces derniers temps, ceux de Jonnie To et Johnny Hallyday. Dénominateur commun aux 2 hommes: le film VENGEANCE, qui comme son titre l'indique raconte la vengeance d'un homme. Un père de famille, ancien tueur à gage devenu cuisinier, échoue à Hong Kong afin de faire la peau à quelques yakuza qui ont dégommé sa fille.



Samedi 18 avril

L’année dernière Maradona était venu avec son pote Kusturica pour le doc que ce dernier a consacré à la main de dieu- Cette année, c’est LE Dieu du ballon rond Eric Cantona qui pourrait bien débarquer à Cannes. En effet, le meilleur jouer de rugby de tous les temps qu'ait connu le 11 tricolore est au générique de LOOKING FOR ERIC de Ken Loach, un film plus léger qu'à l'ordinaire où un fan de Manchester United dans le pétrin prend conseil auprès de son idole absolue, Eric Cantona (sortie annoncée au 27 mai en France).



Les hippy et leurs élevages de poux dans les cheveux devraient ressortir de l’oubli et se pointer cette année à Cannes. Si on en juge la rumeur, TAKING WOODSTOCK pourrait en effet intégrer la sélection officielle. Après s’être penché sur la libération sexuelle de rigueur au début des années soixante dix dans ICE STORM, Ang Lee revient cette fois sur le plus grand concert de tous les temps, en tout cas l’un des rares à être resté dans la légende : Woodstock. L’opportuniste Lee n’a bien évidemment pas oublié de marquer à sa manière le quarantième anniversaire de ce rassemblement de babas. TAKING WOODSTOCK retrace donc cette aventure en adoptant le point de vue d’un garçon travaillant dans le motel de ses parents, motel qui se trouve tout près de ce qui deviendra un événement musical d'exception.Voici une présentation en image par le personnage principal :



Jeudi 23 avril:

L'affiche est tombée à 11h

Et avec elle, la liste officielle des films programmés lors de la 62ème édition du festival de Cannes. Comme prévu, certains abonnés seront présents, tel les Almodovar, Tarantino et autre Loach. Mais plutôt qu'un long discours, la voici, celle qui a suscité comme  chaque année tant de rumeurs avant l'heure:


Film d’Ouverture :  Peter DOCTER - UP (Là-haut)  H.C.- 1h44

COMPETITION
:

Pedro ALMODÓVAR - LOS ABRAZOS ROTOS (Etreintes brisées) - 2h09
Andrea ARNOLD - FISH TANK - 2h02
Jacques AUDIARD - UN PROPHÈTE - 2h35
Marco BELLOCCHIO - VINCERE - 2h08
Jane CAMPION  -  BRIGHT STAR - 2h00
Isabel COIXET - MAP OF THE SOUNDS OF TOKYO -1h44 lopez
Xavier GIANNOLI - A L’ORIGINE - 2h30 cluses devos
Michael HANEKE  - DAS WEISSE BAND (Le Ruban blanc) - 2h24
Ang LEE - TAKING WOODSTOCK -1h50
Ken LOACH - LOOKING FOR ERIC - 1h59 Eric Cantona
LOU Ye - CHUN FENG CHEN ZUI DE YE WAN (Nuits d'ivresse printanière) - 1h55
Brillante MENDOZA - KINATAY - 1h45
Gaspar NOE - ENTER THE VOID - (Soudain le vide) - h30
PARK Chan-Wook  -  BAK-JWI - (Thirst, ceci est mon sang...) - 2h13
Alain RESNAIS - LES HERBES FOLLES - 1h36
Elia SULEIMAN - THE TIME THAT REMAINS - 1h45
Quentin TARANTINO - INGLOURIOUS BASTERDS - 2h40
Johnnie TO - VENGEANCE - 1h48
TSAI Ming-liang - VISAGE - 2h18
Lars VON TRIER - ANTICHRIST - 1h44
       
***
Film de Clôture : Jan KOUNEN - COCO CHANEL & IGOR STRAVINSKY - H.C. - 2h00
 
 


UN CERTAIN REGARD
:
 
BONG Joon Ho - MOTHER - 2h10
Alain CAVALIER - IRENE -1h23
Lee DANIELS - PRECIOUS - 1h49
Denis DERCOURT - DEMAIN DES L'AUBE - 1h36
Heitor DHALIA - À DERIVA - 1h43
Bahman GHOBADI - KASI AZ GORBEHAYE IRANI KHABAR NADAREH - 1h06
Ciro GUERRA - LOS VIAJES DEL VIENTO (Les Voyages Du Vent) - 1h57
Mia HANSEN-LOVE - LE PÈRE DE MES ENFANTS - 2h00
Hanno HÖFER, Razvan MARCULESCU, Cristian MUNGIU, Constantin POPESCU, Ioana URICARU:
AMINTIRI DIN EPOCA DE AUR - 2h18
Nikolay KHOMERIKI - SKAZKA PRO TEMNOTU - 1h12
HIrokazu KORE-EDA -  KUKI NINGYO - 2h05
Yorgos LANTHIMOS - KYNODONTAS (Dogtooth) - 1h34
Pavel LOUNGUINE - TZAR (Le Tsar) - 1h56
Raya MARTIN - INDEPENDENCIA - (Independence) - 1h17
Corneliu PORUMBOIU - POLITIST, ADJECTIV (Policier, Adjectif) - 1h55
Pen-Ek RATANARUANG - NANG MAI - 1h49
João Pedro RODRIGUES - MORRER COMO UM HOMEM (Mourir Comme Un Homme) - 2h13
Haim TABAKMAN - EYES WIDE OPEN - 1er film -1h31
Warwick THORNTON - SAMSON AND DELILAH - 1er film - 1h41
Jean VAN DE VELDE - THE SILENT ARMY - 1h32


HORS COMPETITION:
                     
Alejandro AMENABAR - AGORA - 2h08
Terry GILLIAM - THE IMAGINARIUM OF DOCTOR PARNASSUS - (L'imaginarium du Docteur Parnassus) - 2h02
Robert GUÉDIGUIAN - L'ARMÉE DU CRIME - 2h05


SEANCES DE MINUIT :  
         
           
Stéphane AUBIER, Vincent PATAR - A TOWN CALLED PANIC (Panique au village) -1er film - 1h15
Sam RAIMI - DRAG ME TO HELL (Jusqu'en enfer) - 1h39
Marina de VAN - NE TE RETOURNE PAS - 1h50
       
   
SEANCES SPECIALES :           
                   
Anne AGHION - MY NEIGHBOR, MY KILLER (Mon voisin, mon tueur) - 1h20
Adolfo ALIX, JR., Raya MARTIN - MANILA -1h30
Souleymane CISSE - MIN YE - 2h15
Michel GONDRY- L'EPINE DANS LE COEUR - 1h22
Zhao LIANG - PETITION (La Cour des plaignants) - 2h00
Keren YEDAYA - JAFFA  - 1h50   



MERCREDI 13 MAI

Yes I Cannes



Ça y est. C’est parti. Mercredi 13 mai, 7h51: décollage. 8h42, atterrissage en douceur à Nice. Après une heure de bus, je foule la Croisette. Il fait moyennement beau, mais doux.  Je longe le vieux port de Cannes, m’arrête un instant pour contempler quelques bateaux de plaisance. Sur ma gauche, de l’autre coté de l’avenue, je regarde les premiers joueurs de pétanque qui se pressent déjà pour pointer et tirer... Je ne m’attarde pas, trop presser que je suis de rejoindre la fourmilière. Au fur et à mesure que j’approche du centre névralgique du festival, l’atmosphère se réchauffe. Le bureau des accréditations presse, situé à coté du palais du festival, est pris d‘assaut. C’est la cohue. Plus de 4000 journalistes sont attendus cette année encore. Pauvres hôtesses du centre de presse: 4000 journalistes, ce sont 4000 badges à distribuer, 4000 bonjour, 4000 welcome in cannes et 4000 good festival à dire avec 1 seul sourire, 4000 fois répéter que le casier qui vous est alloué s’ouvre avec son badge, à condition d’en avoir un ! Ce qui n’est pas mon cas. C’est la crise, même à Cannes ! Tous les journalistes n’ont pas droit à leur casier ! Je ne moufte pas. J’ai déjà la chance d’avoir un badge ! Il donne droit à un accès prioritaire aux projections.

En cas de salle comble, si vous possédez une accréditation jaune, bleue ou noire, vous resterez sur le perron, comme tout le monde. La mienne est rose! Pas de soucis pour les monsieur et madame Pink. Il y aura toujours au moins un strapontin pour nous! Merci madame, me voilà rassuré.  Je range le précieux sésame dans le sac à l’effigie de cette 62ème édition que l’on me remet plus loin. Pas le temps de remercier la jeune fille, qu’elle esquisse déjà un sourire destiné au suivant, en l’occurrence une suivante, la 2896ème qui lui lance un généreux: konichiwa! Hum hum… j’observe, amusé, le regard dubitatif de l‘hôtesse: Do you speake English? lance-t-elle à son interlocutrice, une japonaise aimable et souriante, qui lui répond: Anglicheu…si yeusseuhhh… Voilà qui me rappelle instantanément que Cannes est le rendez-vous mondial du 7ème art. Sur cet entrefaite, je me barre en me marrant, en me disant surtout, que je suis désormais paré pour assister dès ce soir à la cérémonie d’ouverture et à la projection de Up…Yes I Cannes!




UP :

drôlement gonflé le film d’ouverture



 

Cest parti sur les chapeaux de roue avec hier, la projection hors compétition en ouverture et pour la première fois de lhistoire du Festival de Cannes, un animé en 3D Relief. Alors, il y a déjà eu des animés à Cannes, Valse avec Bachir lannée dernière en compétition, Persépolis lannée davant qui a même eu un prix, mais y a jamais eu de film danimation en ouverture. Le film en question sintitule LA HAUT, UP si vous préférez. Ce long métrage produit par lécurie Pixar raconte les aventures dun vieux monsieur un peu bougon et dun jeune garçon un peu con embarqués tous 2 dans un incroyable voyage à bord dune maison volante.  Pour tout dire, on nous sert tout dabord une très belle histoire damour. Un couple dune dizaine dannées se forme. Ils sont tous les 2 avides daventures. Un jour, ils se font une promesse, planter leur maison sur une falaise, dans un  endroit désert ou se trouve une belle cascade.Le couple traverse les années dans la joie et lamour. Arrive un moment très émouvant, dune profonde tristesse. Cest que la mort frappe à leur porte et le vieux monsieur devenu bougon, mais toujours autant amoureux de sa femme disparue va finalement profité dun coup du destin pour enfin tenir sa promesse. Comme il est en passe dêtre exproprié par un promoteur immobilier, il va jouer un tour à ce dernier, et le vendeur de ballon quil a été toute sa vie va avoir lidée de faire en sorte que sa maison senvole dans les airs à laide de milliers de ballons de baudruche. Le voilà donc en route, ou plutôt en vol, pour une grande et belle aventure.


UP, LA HAUT, un film de Peter Docter et Bob Peterson qui lorgne sur les grands classiques Disney comme Dumbo, sur des vieux films façon king kong. Ils ont aussi pompé un peu du coté de Myasaki pour l’inventivité…  Cette maison, c’est un peu un château dans le ciel. Y a pas de Tortoro ni de princesse mononoké, encore moins de ponyo, mais tout de même, on ne peut pas s’empêcher de penser au maître nippon par instant. Il y a cela dit d’autres choses géniales, comme par exemple une meute de clébards qui parlent très rigolo, un oiseau façon paon aux couleurs sublime, des décors en relief d’une beauté la encore saisissante. En résumé, c’est une bonne surprise que ce Pixar en ouverture de Cannes, mais avec Pixar, on est rarement déçu. Belle histoire, belle image, par contre, je ne vois pas l’intérêt de le proposer en 3D relief… y a très peu de relief finalement à part sur quelques décors de montagnes, de falaises.Notez que UP, LA HAUT sortira sur nos écrans cet été. Il est annoncé au 29 juillet.



UP, LA HAUT, un film de Peter Docter et Bob Peterson qui lorgne sur les grands classiques Disney comme Dumbo, sur des vieux films façon king kong. Ils ont aussi pompé un peu du coté de Myasaki pour l’inventivité…  Cette maison, c’est un peu un château dans le ciel. Y a pas de Tortoro ni de princesse mononoké, encore moins de ponyo, mais tout de même, on ne peut pas s’empêcher de penser au maître nippon par instant. Il y a cela dit d’autres choses géniales, comme par exemple une meute de clébards qui parlent très rigolo, un oiseau façon paon aux couleurs sublime, des décors en relief d’une beauté la encore saisissante. En résumé, c’est une bonne surprise que ce Pixar en ouverture de Cannes, mais avec Pixar, on est rarement déçu. Belle histoire, belle image, par contre, je ne vois pas l’intérêt de le proposer en 3D relief… y a très peu de relief finalement à part sur quelques décors de montagnes, de falaises.Notez que UP, LA HAUT sortira sur nos écrans cet été.Il est annoncé au 29 juillet. 



NUITS D’IVRESSE PRINTANIÈRE :

Après UP, c’est Down !

 

 


La légèreté est vite retombée hier soir sur la croisette. En effet, pas le temps de se remettre de la dernière plaisanterie Pixar en 3D que le film d’auteur chinois en 3D aussi a repris ses droits, en relief et en 3d dans les caleçon de ceux qui aiment ces films ou des hommes aiment des hommes devant une caméra! NUITS D’IVRESSE PRINTANIÈRE que ça s’appelle, un long très long métrage de Lou Ye.

Que je vous dise qu’il s’agit ici de suivre un sulfureux voyage aux confins de la jalousie et de l’obsession amoureuse. En fait, tout commence de manière abrupte, sans phrase, sans mot. On est dans le quotidien le plus banal. On va donc suivre une histoire d’amour vraie, pas un compte de fée à la Disney. Dès lors, il ne faut pas imaginer Mickey et Donald dans une voitures, mais 2 garçons dans une voiture, sous une pluie battante. Après 5 minutes, ils s’arrêtent au bord d’un chemin. L’un d’eux dit : « On va pisser ». 2 minute plus tard, on les voit ensemble au lit. Ils font l’amour, et l’on entend un « Je t’aime » prononcé timidement après un sincère orgasme. L’ellipse est brutale. Tout aussi violent, c’est le choc que va recevoir la femme de Wang Ping, l’un des 2 gars en question. Comme elle soupçonne son mari d’infidélité, elle engage Luo Haitao pour espionner Wang Ping. C’est comme ça qu’elle apprend que son mari aime en secret un homme, Jiang cheng. Mais assez curieusement, à son tour, Luo Haitao le détective, se rapproche de Jiang Cheng. C’est alors que luo Haitao, sa copine Ji Ling et le fameux Jiang Cheng se jettent à corps perdu dans une folle équipée amoureuse. Ce sera pour tous les 3, le début de nuits d’ivresses printanières suffocantes. Dès les premières images tu te croirais dans GARCON STUPIDE, le premier film de Lionnel Baier ! Incroyable, le suisse à un alter égo chinois! Même procédé narratif : on a rien à raconter mais on prend 2 heures pour le dire; au niveau de l’image : même grain énorme un peu crado, même éclairage naturel, même caméra virevoltante et tremblotante, même jeu sur la bande son ou un simple coup de vent donne l’effet d’une tornade. La comparaison s’arrêtera là. Car Lou Ye a connu des déboires bien plus dramatiques. Lou Ye peut en effet se targuer d’avoir subit les affres de la censure chinoise. Son premier WEEK END LOVER, réalisé en 1994, n’est jamais sorti en Chine. Le deuxième, SUZHOU RIVER, tourné clandestinement dans les rues de Shanghai, a connu le même sort. Quant à PALAIS D’ETE ou UNE JEUNESSE CHINOISE, son 3ème présenté à Cannes en 2006 et qui abordait les événements de Tienanmen de 1989, ce film lui a valu cinq ans 5 ans d’interdiction de filmer.


Pour NUITS D’IVRESSE PRINTANIERE, on aurait du le jeter en prison ! la censure chinoise, c’est plus ce que c’était! Non je déconne! Ca part d’un bon sentiment son film. Il faut savoir que depuis 2005, l’homosexualité n’est plus qualifiée de maladie mentale en Chine. C’est pour ça que Lou Ye s’est engouffré dans cette brèche pour filmer des corps de garçons de très près pendant l’amour. Mais comme il n’avait pas vraiment d’histoire palpitante à raconter, il nous a pondu un film sur le corps qui en manque sérieusement de corps, c’est un peu ballot ! En tout cas, NUITS D’IVRESSES PRINTANIERES, pour débuter la compétition cannoise, j’aime à penser, même si c’est risqué avec un film sur l’homosexualité, que le pire de la sélection est désormais derrière moi !



Vendredi 15 Mai

 

TETRO:

T’es trop fort Monsieur Coppola !

 

Francis F. Coppola

Fallait s’y attendre. Il y avait foule ce matin dès 8h30 pour faire la queue devant le théâtre Croisette. Et dire que la projection débutait à 1oh !!! Mais pour décrocher une place, il fallait accepter l’idée de faire le piquet dans une file, heureusement pas en pleine « cania », ni sous une pluie diluvienne ! Tout ça pour quoi `Pour voir un pur chef-d’œuvre. Dans Tetro, Coppola nous montre directement Bernie, 17 ans, naïf et frais. Il arrive à Buenos Aires pour rechercher son frère aîné qui a disparu depuis plus de 10 ans en jurant de plus jamais revoir sa famille. Il a divorcé de cette famille dont le père dominateur Carlo Tetrocini est un chef d’orchestre à succès. Mais, quand Bernie retrouve son frère Tetro écrivain brillant et mélancolique, il n’est pas accueilli à bras ouverts…Faut dire qu’il se pose là, comme un cheveux sur la soupe. Mais, progresseivement, l’on va essayer de comprendre ce qui s’est tramé dans cette famille.


Vincent Gallo, Alden Eren-Reich et Maribel Verdu sont les principaux interprètes de ce film en noir et blanc, visuellement, formellement sublime : image superbement léchée, hyper stylisée. C’est d’une beauté incomparable ! De temps à autres, alors que l’on suit la confrontation entre les 2 frères en noir blanc, s’intercalent des images en couleur. C’est quand Tetro raconte pourquoi il s’est tiré, pourquoi il a fuit. Là encore, c’est magnifique… Et puis, dans ce film il y a parfois des tableaux somptueux de danse contemporaine. On joue par exemple la Coppolita, un opéra baroque avec une danseuse désarticulée. Il y a une synchro entre la danseuse et les bruitages mécaniques juste bleuffants !Tetro m’a littéralement enchanté, envouté.  Il était présenté à « La Quinzaine des réalisateurs ». Y a eu un buz avant Cannes. On a dit que Frémeau l’aurait recalé de la compétition car le film est de loin supérieur à tous les autres et aurait forcément obtenu la palme. On a dit aussi que c’est Coppola qui aurait refusé d’être présent dans la compétition officielle, préférant la quinzaine pour créer la sensation. Il n’aura donc pas de « Palme d’Or » du meilleur acteur pour Vincent Gallo mais c’est pas grave, il a déjà eu Le Glacier de Chrystale de la meilleure pièce de théâtre traitant du parricide…C’est dans le film Tetro bien sur que ça se passe….





THIRST :
Vampire vous avez dit Vampire ?


 

 
Vu en compétition, un mélodrame de vampires à scandale…  Et oui, du film de ce genre en compétition, il y en a cette année à Cannes, et pas de n’importe qui, d’un certain Park Chan Wook, connu pour avoir signé une trilogie sur la vengeance particulièrement brillante avec des films comme Old Boy, Sympathie for mister vengeance et lady vengeance… On lui doit également la comédie romantico-psychiatrique : I’M A Cyborg but That's OK qui narrait une bleuete dans un asile de fou entre une jeune femme qui se prenait pour un cyborg et suçait des piles et un autre pensionnaire. Avec Thirst, Park Chan Wook s’est amusé à déconstruire le mythe du vampire, le vampire, qui est revenu à la mode depuis Twilight. A la différence prêt, c’est que le cœur de cible n’est pas l’ado boutonneux. Thirst n’a en effet rien à voir avec la nunucherie ricaine, même si, et c’est une première pour un film coréen, Hollywood a co-produit Thirst et Universal en assurera la distribution en Amérique, de quoi garantir un rayonnement intéressant pour Park Chan Wook.


Que je vous dise que dans Thirst, un jeune prêtre coréen aimé et respecté se porte volontaire pour partir en Afrique, histoire de tester un vaccin expérimental sensé vaincre un nouveau virus mortel.
Evidemment, comme les autres cobayes, il succombe à la maladie, mais une transfusion sanguine d’origine inconnue le ramène soudainement à la vie. De retour en Corée, il commence à subir de bien énigmatiques mutations physiques et psychiques. Sensible à la lumière du jour, attiré par l’odeur du sang quand une fille a son cycle menstruel, le corps couvert de pustule, le jeune homme s’aperçoit qu’en buvant de l’hémoglobine, les cloques disparaissent. Pas d’erreur, il est devenu un vampire. Un prêtre vampire, c’est quand même peu commun… Voilà qui promet une intrigue qui ne manque pas de mordant, car le problème, c’est qu’un vampire doit tuer pour vivre. Alors qu’un curé, évidemment, ça n’égorge pas ses brebis, fussent-elles égarées. Une chance que ce prêtre travaille des fois dans un hôpital…. Mais au fond, comment faire pour concilier vampirisme et curtonisme ?  C’est tout l’enjeu du film, d’autant que son affaire va se corser lorsqu’il va tomber éperdument amoureux de la femme d’un de ces amis d’enfance devenu au passage un imbécile heureux. Résistera-t-il à la tentation, et elle, résistera-t-elle au charme de l’homme en soutane ?


Thirst, un film synthèse de l’univers de Park Chan Wook. Du ketchup, de l’humour, du cynisme, un peu de sexe, du questionnement existentiel, des belles images, quelques effets spéciaux mais pas trop, deux ou trois gags de ci de là, un scénar plutôt bien roulé, Thirst a beau être épatant, il n’a aucune chance d’obtenir une palme d’or à mon sens, trop léger pour Isabelle Huppert qui serait capable de la refourguer au film chinois chiant dont je vous ai parlé hier… Eventuellement, un prix d’interprétation masculine ou féminine, on a le choix tant les 2 acteurs principaux sont excellents. Song Kang Ho tout d’abord, le prêtre du film. Il a déjà collaboré avec Park Chan Wook. On la vu aussi dans Mémoire d’un tueur autre film majeur de Bomg Jo ho. Quant à la fille, ben je sais pas où il la trouvée celle-ci, à croire qu’il y a une usine à comédiennes douées et belles à la fois quelque part en Corée. Non mais dans chacun de ces films, il nous dégotte une actrice remarquable, sortie de nulle part, belle, envoutante, pleine d’énergie, de folie, de surprise. Cette fois, la découverte se nomme Kim Ok Vin. Thirst, ça faisait 10 ans que Park Chan Wook rêvait de réaliser ce film. Ben ça valait le coup d’être patient !

 

RIEN DE PERSONNEL :

un film tout à fait personnel !

 

Mélanie Doutey, actrice du film.

 

Il a fait l’ouverture de la semaine de la critique ce soir, le premier long métrage de Mathias Gokalp, Rien de personnel avec un casting absolument incroyable pour un premier long métrage : Mélanie Doutey, Jean Pierre Darroussain, Denis Podalydès, Pascal Grégory, Bouli Lanners et Zabou pour les principaux. Rien de personnel est donc un film choral, comme on dit, ou chacun a droit à sa partition. Particularité du film. L’action se déroule en huit clos, dans la salle de réception d’un château. Tous les cadres d’une entreprise pharmaceutiques sont réunis pour participer à un jeu de rôle au cours duquel ils sont évalués. Ils sont tous badgés et ils ont tous une mission précise à exécuter en un temps défini. Au bout de chacune des missions, ils accumulent des points. Le but est bien évidemment de finir dans les premiers. Parce que en gros, une fusion entre 2 entreprise se préparent. Le patron dit qu’il ne touchera pas à l’outil de production, donc au petit personnel, pas invité à la soirée, mais par contre, au niveau des cadres, y a comme qui dirait embouteillage. 30 d’entre eux doivent dégager. Mais ça, les cadres ne le savent pas. Ils vont l’apprendre lorsqu’une rumeur va se répandre, mais est-ce que la rumeur fait parti du jeu de rôle ou pas ? Mystère.


Rien de personnel, c’est une même soirée découpée en 3 actes et racontée selon différents points de vue jusqu’à l’épilogue. On commence avec le chapitre intitulé LE NOUVEAU ou jean pierre Darroussain incarne ce soit disant nouveau cadre. Il devra affronter Mélanie Doutey qui est chargée de lui faire encaisser une couleuvre. Il doit accepter d’augmenter les cadences de ses employés si il veut garder sa place, et comme il est encore en période d’essai, ça devrait être facile pour Mélanie Doutey… Notez l’emploi du conditionnel dans ma phrase car Darroussain a plus d’un atout dans sa manche pour déjouer les plans de la belle. Deuxième acte, LA VIE CONJUGALE. On revient donc au début de la soirée, mais on en apprend un peu plus sur tous les personnages croisés dans le premier acte. Ben par exemple, Mélanie Doutey est marié au juriste de la boite, une ordure de première! 3ème acte intitulé Tous ensemble, ou on revient au début de la soirée et là, on suit plutôt Denis Podalydes, le délégué du personnel, un bon syndicaliste qui fait mine de résister au patronat mais qui se la coince et s’aperçoit finalement que le patron l’a couillonné. C’est en tout cas par lui que l’on apprend le dégraissage prévue.  Rien de personnel montre donc l’univers impitoyable de l’entreprise vu du coté des cadres, et c’est plutôt bien fait, car le film s’attarde sur les dommages collatéraux. Il y a par exemple celle qui offre sa bouche voluptueuse au grand patron pour garder sa place, c’est Zabou. Quand son mari Bouli Lanners va l’apprendre, le mal sera déjà fait. Pour la jeune cadre fraichement débarquée, trop fragile pour ne pas craquer, elle va tomber de haut en s’apercevant que son mari, le juriste de la boite n’hésite pas à sacrifier son couple au profit de sa carrière : Et oui, l’entreprise d’abord ! Il y a encore celui qui pense avoir tout compris: pour lui, il faut savoir pleurer, sombrer dans le misérabilisme pour émouvoir ses collègues et mieux les bouffer.



Bref, tout le panel est bien représenter dans ce film qui n’est pas une attaque frontale de l’entreprise et des cadres. C’est beaucoup plus fin que ça. Il nous montre que le monde de l’entreprise est soumis à une dureté à laquelle personne n’échappe, et encore moins, à ceux qui apparaissent parfois comme des bourreaux. Les cadres, comme le petit personnel, ne sont finalement rien de moins que des pions comme les autres, vulnérables et impuissants. Fausses victimes, vrais manipulateurs se croisent donc dans cette soirée, dans ce film ou le cinéaste Mathias Gokalp évite le pathos. Il se contente juste de poser une question : comment ça marche le système actuel ? Comment ça tourne une entreprise ? Comment ça broie l’être humain, celui qui croit avoir une place et qui peut la perdre du jour au lendemain. Pour autant, le tableau n’est pas noir ou pessimiste. C’est juste une vision à hauteur d’homme du monde moderne, celui qui  nous paraît souvent si effrayant et dans lequel on vit. En gros, c’est pas un hasard si Rien de personnel a fait l’ouverture de la SEMAINE DE LA CRITIQUE ici à Cannes.




ORDINARY PEOPLE:

UN FILM PAS ORDINAIRE



Présenté à la semaine de la critique, ce film serbe n’a pas rameuté les foules et pour cause, l’espace Miramar ne pouvait pas lutter face à la salle Bazin ou pour le coup, les poeple s’étaient donné rendez-vous.

Scorcese était invité à venir présenter la version restaurée de Red Shoes, restauration qu’il a supervisé. Evidemment, tout ce que Cannes compte de cinéphile s’était donc donné rendez vous là plutôt qu’ailleurs. Et Scorcese n’était pas seul. Francis Ford Coppola, Park Chan Wook, pour ne citer que ceux là, l’accompagnaient. Forcément que la séance suivante a pris du retard, mais ça valait le coup de se retaper la queue pour re-rentrer dans la salle Bazin. En effet, après Red shoes, Precious y était projeté, en la présence surprise de Mariah Carrey et Lenny Kravitz, de quoi ravir des spectateurs médusés qui ne s’attendaient pas à une telle surprise.
Pendant ce temps là, donc, au Miramar, une poignée de pelus, à peine une ridicule centaine de spectateurs s’étaient égarés là pour découvrir Ordinary People, un film âpre, brute, rude et radical, à l’image du sujet traité.

Imaginez une jeune recrue qui vient de rejoindre un bataillon de l’armée serbe. Pas le temps d’engloutir un petit déjeuner frugale qu’un capot fait irruption dans la cantine et donne l’ordre au 3ème bataillon de sortir illico dans la cour de la caserne. Notez que ce 3ème bataillon ne compte que 5 ou 6 hommes, dont le bleu bite. Ils montent à bord d’un bus qui les conduit dans une autre caserne, visiblement désaffecté, et située loin de toute civilisation. Là, ils attendent sous une chaleur étouffante. Ils attendent pas très longtemps. Arrive en effet une première camionnette avec à son bord une dizaine de prisonniers. L’ordre de les exécuter est donné. Et les camionnettes, donc les exécutions sommaires, vont se succéder jusqu’à la tombée de la nuit. Pour tenir le choc, les homme du 3ème bataillon s’imbibent d’alcool. La plupart ne veulent pas participer à ce massacre, mais la guerre, c’est la guerre ! Aussi horrible soit-il, un ordre est un ordre. Il doit être exécuter sans broncher. A la fin de la journée, hagards, ces soldats ne sauront même pas capables de dire combien ils en ont exécutés.

Soyons clair, Ordinary People, ce n’est pas la grande vadrouille ! les Boureville et De Funès n’ont pas droit de citer. Gérard Oury n’a pas été convoqué pour réaliser ce film. Non, c’est Vladimir Persic qui s’y colle. Il opte pour un style le plus épuré possible. Le film enchaine les longs plans fixes contemplatifs. Le cinéaste n’hésite pas, par exemple, à rester 5 minutes sur la recrue, debout devant un mur, en train de s’interroger sur le sens de tout ça. De cette manière, le spectateur entre dans la tête de ce jeune homme perdu, désemparé par l’horreur que lui inspire cette situation. D’abord incapable de donner la mort à bout portant, il va finir par s’habituer et devenir une vrai machine à tuer. Ordinary People, un film pas ordinaire, pas facile, qui en a laissé plus d’un perplexe.

 

 


 

Samedi 16 Mai


Résumé d’un Week-end palpitant débuté samedi après midi avec la projection hors compétition de Don't look back (Ne te retourne pas) qu’on n'hésitera pas à rebaptiser Don’t look that…. un film horriblement décevant de Marina Devan avec Sophie Bellucii et Monica Marceau, une histoire de dédoublement de la personnalité, un film où l’on use et abuse du morphing. Une femme en proie à de vives hallucinations voit son mari, ses enfants, sa mère se métamorphoser. Ils changent de visage. Et quand vient son tour, elle n’a qu’une solution pour comprendre d’où celà vient, la fuite en Italie. C’est dans un petit troquet qu’elle trouvera la clé de ce mystère… Pauvre Marina DeVan. Et dire que cette nana nous avait éblouie avec Dans ma peau, film sur l’automutilation. On a de la peine à comprendre pourquoi elle nous a pondu un film hybride sans saveur, mélange de fantastique, de neurologique, de skizophrénique, de maléfique, de bordélique, de chiatique… bref, un raté total… ça arrive....

Sophie Marceau, croisée sur la croisette.
 

Lui par contre n’aurait jamais dû arriver en compétition Kinatay réalisé par Brillanté Mendoza qui n’a de brillant que le prénom. 2 heures pour montrer que la corruption gangrène la police de Manille. Une jeune recrue à l’école de police, trop naïf pour être flic va vite comprendre son calvaire. Lors d’une équipée sauvage avec quelques policiers maquereaux chevronnés, il aura l’occasion d’assister au viol d’une prostituée par ses amis flics. Elle leur devait du pognon, alors ils se sont remboursés, payé le luxe de la buter, la démembrer et l’éparpiller façon puzzle au 4 coins de la ville. Pas mal de sifflets à la fin de la projo.. pas assez à mon goût, pas mal de hooo de dégout quand ces Messieurs jouaient de la machette mal aiguisée… en désossant la dame… En tout cas, un film qui m’a paru franchement vain, donc inutile.
Photo du film Kinatay

Mon salut est finalement passé par la quinzaine des réalisateurs en fin de journée avec La Merditude des choses.. Je dois admettre que je ne m’étais pas rancardé avant quant à la teneur de ce film. Ce titre me plaisait bien et l’affiche surtout m’a titillé. On y voit 4 mecs avec des tronches de grolandais en train de faire du vélo à poil…Forcémenent, je me dis que ce film belge va me parler, et je me suis pas gouré. La merditude des choses réuni 4 frangins d’une trentaine d’année, 4 bons à riens, 4 purs loosers qui passent leur temps à picoler, à dire des conneries, à se mettre sur la tronche. Ils ne font que ça. Le pire, c’est que ces cadors de la cuite vivent encore chez leur mère.

Du haut de ses 70 ans, la pauvre femme n’en peut plus, mais elle n’a pas le choix. Elle doit supporter ces abrutis de fils dont l’un d’entre eux a un fils, qui tente comme il peut d’aller à l’école. Pas facile avec un père alcolo, 3 oncles qui ne valent pas mieux et une mère qui vous a renié ! Notez que c’est justement lui qui nous raconte l’histoire, en flash-back. Auteur de poésies ratées, il s’est dit que d’immortaliser ses souvenirs d’enfance dans un roman pourrait lui amener la gloire. Bingo. Donc on suit son récit en voix off, avec des moments d’anthologie comme cette course cycliste hors du commun. L’un des frangins imagine un tour de France de la picole ! En gros, sur une carte routière, il trace son circuit, défini des étapes, montagne, contre la montre…etc…. Avec ses amis, il prennent des vélo miniatures, en fer et pour faire avancer son vélo sur la carte, le candidat doit boire… plus on boit, plus on avance. Plus l’alcool est fort, plus on va vite ! Pour grimper des cols, on carbure au schnaps ! Certains des concurrents ne franchiront jamais la ligne d’arrivée pour cause de comas éthylique ! Mais tout le monde s’en fout, puisque tout le monde est bourré. La Merditude des choses, du kaurismaki belge, un film qui alterne le noir-blanc et la couleur, qui alterne aussi le ton. On passe de la gaudriole à la mélancolie, du rire saint au rire est jaune, jaune comme de la couleur du vomis d’un des protagonistes qui finit par s’endormir dedans la bouche ouverte ! Franchement, vivement pour vous qu’il sorte au cinéma. Je vous conseille de vous ruer pour aller la voir cette Merditude des choses.

Photo de la Merditude des choses

 

 

 

 

Dimanche 17 Mai

Quoi de mieux que de commencer par To, pas tard à 8h30… Oui, le film de Johnnie To, Vengeance qui est en compétition, ouvrait les hostilités dominicales, avec un johnny Halliday crédité au générique dans la peau d’un restaurateur vengeur qui devient amnésique… Wouaou, Stupeur et tremblements dans les cervelles. On peut le dire puisque Sylvie Testud joue sa fille dans ce film de Yakuza qui démarre bien mais tourne vite à la plaisanterie, à la comédie involontaire, la faute à l’ex idole des jeunes qui dès qu’il ouvre sa boite à mots est drôle malgré lui. Cela dit, j’ai pas 2000 optiques pour vous raconter ça, juste vous dire que dès la 1ère scène, 3 types débarquent chez Sylvie Testud et bute son mari et ses 2 mômes. Elle aussi ramasse plusieurs balles. Elle est toujours en vie mais ne peut plus parler. Qu’importe, papa Johnny est là. A son chevet, à l’hôpital, il lui promet de la venger… Largué en Asie, très vite Johnny va faire ami-ami avec 3 yakuza membres d’une triade quelconque. Moyennant finance, ils vont l’aider à retrouver les assassins, l’aider à accomplir sa vengeance.


Le seul truc à retenir de ce film qui lorgne sur le western drôle, c’est que Johnny à annoncé qu’il abandonnait la chanson pour se consacrer au cinéma….bonne nouvelle pour les mélomanes, très mauvaise pour les cinéphiles !
 

Après ce grand moment de détente matinale, j’ai encore eu l’occasion de me fendre la gueule avec Les Beaux Gosses.


Adapté de ces propres bd, Riad Satouf nous invite
suivre Hervé, un ado qui découvre les choses de la vie… des branlettes dans la chaussette en feuilletant le grimoire sacré qu’est le livre de vente par correspondance de la Redoute, page lingerie fine aux premiers baisés malhabiles, crises de révolte à cause d’une maman copine trop moqueuses jouée par Naomi Lovski excellente, aux relations entre potes, en passant par l’univers du collège….Bref tout tout tout, vous saurez tout sur vos ados… Les Beaux Gosses, c’est du tout bon.

Restons à la quinzaine des réalisateurs mais changeons de latitude, Exit le rire et vive la tuerie du 6 décembre 1989 dans le département polytechnique de l’université de Montréal.

Karine Vanasse actrice principale du film "Polytechnique"


14 filles sont assassinées froidement par un étudiant armé jusqu’au dents, devenu une machine à tuer implacable, froide. Vous avez oublié ce fait divers ? C’est pour ça que le film existe, pour participer au devoir de mémoire. 10 ans après, les québécois n’ont toujours pas pansés leur plaies, raison pour laquelle ils ont attendu si longtemps que Denis Villeneuve fasse ce film sur ce massacre, le premier du genre, bien avant Colombine et ses avatars, bien avant que Gius Van Sant y aille de son Elephant, au passage, un film que Denis Villeneuve trouve très moyen et je le rejoins sur ce coup là…. La production de ce film Polytechnique en noir blanc sublime a duré 4 ans, 4 ans à batailler contre les rumeurs les plus dingues, 4 ans pour faire admettre que le but n’était pas de dresser le portrait d’un tueur, mais bel et bien de rendre hommage aux victimes, à leur familles, mais surtout à ceux et celles qui ont échappé à la mort et qui aujourd’hui ont bien de la peine à vivre, hantés qu’ils et elles sont, par l’image de ce tueur qui détestait les féministes au point de buter toutes les nanas qu’il croisa sur son chemin dans l’uni pendant 19 minutes avant de se tirer une balle. Polytechnique devrait sortir bientôt et en toute honnêteté, Denis Villeneuve a fait du bon boulot.

Je vous ai gardé le meilleur pour la fin… celui que j’ai vu à 22h30 hier… c’est mieux qu'à 8h30…. ANTICHRIST de Lars Von Trier. Il est en compétition… Il s’est fait huer à toutes les séances de la journée, chambrer à 3 reprises. Moi pourtant, j’ai bien aimé…. Et pas seulement parce que Charlotte Gainsbourg est à poil, qu’on la voit baiser plus que faire l’amour, se masturber aussi violement…. Charlotte Gainsbourg qui devient complètement dingo et Wilem Dafoe son mari psychiatre essaye de la soigner. Notez que visuellement, c’est drolement bien fichu. Ça commence par une scène au ralenti, en noir blanc, hyper longue sur une musique de Hendlle… C’est beau. On a tous les sens en éveil. On voit les 2 protagonistes faire l’amour pendant que leur enfant sort de son parc, monte sur le rebord de la fenêtre ouverte et se défenestre malgré lui… On comprend dès lors un peu mieux le trauma de la mère, qui sombre dans une folie sans nom. Tous les 2 vont partir dans un voyage psychiatrique hallucinant, en pleine forêt dans une maison isolée avec des histoires de sorcelleries auxquelles je n’ai rigoureusement rien compris… Une éjaculation sanguine plus tard. elle va même customiser son mari en lui greffant une meuleuse dans le tibias gauche, le latter à coup de pelle…. Ne me demandez pas pourquoi y a un renard qui parle, pourquoi y a bambi qui met bas dans une souffrance incroyable, pour y a un corbeau qui en veut à Willeme Dafoe, pourquoi Charlotte Gainsbourg se coupe le clitoris avec un ciseau… je ne saurais pas quoi répondre…


juste une chose, Lars Von Trier, visiblement sous influence Lynchienne, a dit en conférence de presse qu’il était un peu déprimé ces temps-ci… Toi quand t’es en grosse déprime, tu prend des cachetons, lui pour se soigner, il fait un film, et là ou il est gonflé et prétentieux…c’est qu’il ose dédicacer son Antichrist à Tarkovski… alors ça, ça passe pas!
A la limite Bergman, je veux bien, mais Tarkovski, NON! quand on disait que ce film allait provoquer la contreverse, je crois que non… Le seul mérite qu'il a, c'est de ne pas laisser le spectateur indifférent, c’est déjà bien.


 


Lundi 18 mai



Looking for Eric: le dieu Cantona a encore frappé en pleine lucarne



Ce matin, je me suis précipité pour découvrir le nouveau Ken Loach. Je me méfie avec lui. J’aime pas tout.. Disons que le cinéma social anglais peut très vite me gaver, mais là, y a Eric Cantona au générique… Forcément, j’ai eut envie de voir le célèbre numéro 7 de Manchester united, dans son propre rôle…  je pouvais pas manquer ça. Et j’ai bien fait. Looking for Eric est extrêmement drôle et émouvant à la fois. Ce film atteint sa cible.
Ce qui est marrant dans l’histoire, c’est qu’un jour Ken Loach reçoit un message d’un producteur français disant que Eric Cantona veut le rencontrer. Avec ces frangins, il aurait écrit un traitement de quelques pages sur une relation étrange que le footballeur aurait eu avec un fan. Quand Canto a quitté le club de Leeds United, le fan a fait pareil. Il a tout largué, son boulot, sa famille, sa ville, sa vie… tout ça pour suivre son idole à Manchester. Donc Canto se disait qu’il y avait quelque chose à faire avec ça, histoire d’avoir comme Maradona ou Zidane, lui aussi, son film…

Il se trouve que Ken Loach est anglais, qu’en Angleterre, le rapport fan-star du ballon rond est juste exceptionnel… on peut pas comprendre ça ici, et comme en plus Ken Loach aime le foot, et qu’il sortait de 2 films un peu rude… il avait envie de faire une comédie pleine d’espièglerie, pour se détendre.

En plus, depuis quelques temps, Paul Laverty, le
scénariste n’arrêtait pas de le bassiner avec son envie d’écrire un film sur des grands-parents, mais en sortant des clichés habituels, des grands-parents modernes, avec des problèmes d’aujourd’hui…
Et voilà comment l’idée de ce film, de ce jeune grand père fan de Cantona est née. Ce Grand père vit seul avec ses 2 fils issus de son mariage. Ils sont en train de tourner plutôt mal. Il ne s’est jamais remis de la séparation d’avec sa première nana. Il était jeune, il l’a mise enceinte et a pris la poudre d’escampette. Il a toujours gardé des contacts avec sa fille, mais pas avec la mère… Et c’est par l’intermédiaire de cette fille qui a besoin de ces 2 parents qu’ils va justement renouer ce contact, parler du passé avec elle, bien sur, pour peut-être faire table rase et envisager l’avenir autrement… Tout ça n’est pas si simple. Ce jeune grand père a besoin d’un guide. Ce sera son idole Eric Cantona. Ken Loach et Paul Laverty ont proposé ce scénario à Cantona, avec une petite appréhension, parce qu’il savait que pour que le dieu du stade accepte, il fallait qu’il soit suffisamment humble pour faire preuve d’énormément d’auto dérision…. Il n’ont pas hésité à montrer le Canto fantasmé par le fan, donc philosophe de comptoir qui sort des dictons à la con, un mec cool, un homme de coeur, sympa, à l’écoute, pas avare de conseils, et qui a sorti des fois pas mal de grosses conneries…

Y a des fois, il nous faisait du Van Dam en conf, de presse d’après match. La plus célèbre, c’est sans doute son histoire de mouettes qui courent après les chalutiers parce qu’elles savent qu’on va balancer du poisson dans l’eau pour expliquer un geste de violence qu’il a commis lors d’un match et qui lui valut une saison de suspension… Personne n’a jamais rien compris à son explication !
Ce qui est bien dans Looking for Eric, c’est que ce n’est pas vraiment un film sur Cantona, mais plus sur ces relations aux fans. Certes on revoit des images d’archives avec des buts d’anthologie. Ça fait du bien. T’as des frissons, mais le long métrage est surtout intéressant pour l’histoire du jeune grand père et de la relation privilégiée qu’il entretien avec Big Eric.

Le film parle surtout de la communication, du fait qu’il faut dire les choses, et si on ne peut pas, il faut les écrire.. .Faut jamais laisser des situations en suspens. C’est pas bon…Faut être capable d’affronter s on destin, savoir dire NON à certains moments.
Personnellement Looking for Eric m’a littéralement conquis. En principe, je devrais voir Canto demain en fin de journée si tout se passe bien et y a pas de raison, l’accueil a été extrêmement chaleureux à la vision de presse, et quand y avait des rires, c’était pas des rires moqueurs comme avec Johnny Hallyday dans La Vengeance de Johnny To… Non, c’était des rires sincères parce que le texte est drôle, parce que les situations le sont aussi, parce que Ken Loach nous a réalisé une superbe comédie sociale, qui fait du bien aux yeux.



J'ai tué ma mère :

et on est mort de rire! 


 

Décidément le cinéma québécois se porte à merveille. Après Polytechnique de Denis Villeneuve, on en a eu une preuve supplémentaire, toujours à la quinzaine des réalisateurs avec le film de Xavier Dolan, J’ai tué ma mère. Il concoure pour la caméra d’or, ce qui sous-entend que c’est un premier film. Et laissez moi vous dire que ce Xavier Dolan est à surveiller de très près. En effet, avec J’ai tué ma mère, il est parvenu à réaliser un film époustouflant, avec un rythme incroyable. Il y a une énergie folle qui se dégage de ce long métrage. C’est extrêmement réjouissant. Les acteurs défendent chacun leur personnage avec férocité pour certains, avec lassitude pour d’autres. Ils sont réellement au service de cette histoire somme toute banale, mais ponctuée de dialogues percutants. Ici, il n’y a jamais de temps mort, juste des engueulades remarquables qui se succèdent, des parties de ping pong doté d’un réel suspens… Le gamin fait preuve d’une insolence rare vis à vis de sa mère. Il se sent supérieur à elle et ne manque jamais une occasion de le lui montrer. On aimerait le tarter pour lui apprendre le respect, mais finalement, comme c’est un maestro du verbe, son irrespect devient jouissif. On a de la peine à ne pas éclater de rire devant les saloperies qu’il balance à cette maman qui a abdiqué. J’ajouterais encore que Xavier Dolan a des idées de mise en scène tout bonnement géniales. Juste à titre d’exemple, là ou n’importe quel autre cinéaste aurait opté pour une voix off de série racontant une histoire, Xavier Dolan, lui, choisi la vidéo off. En gros, le réalisateur qui est aussi le personnage principal, se filme en noir blanc avec une petite caméra dv. Il est rarement correctement cadré. Il parle donc plus ou moins devant l’objectif, de sa mère et des rapports douloureux qu’il entretient avec elle. Entre 2 confessions, le film reprend ses droits et le quotidien qu’il partage avec cette maman, avec son pote, avec une de ses profs nous est ainsi dévoilé. Attention, J’ai tué ma mère n’est pas un thriller, mais une superbe histoire d’amour haine entre un fils qui n’aime pas sa mère, ou plutôt qui l’aime mal, ou plutôt qui ne sait pas comment l’aimer. En face de lui, cette mère aime son fils mais usée par la vie, fatiguée d’entendre son adolescent se plaindre sans cesse, elle a jeté l’éponge. D’entrée de jeux, le ton est donné. Alors qu’il nous dit : je n’aime pas ma mère, je ne l’aime pas quand elle mange, elle m’énerve… en guise d’illustration, une bouche dévore un choux à la crème. Plan large sur un jeune homme et une femme. Le gamin est excédé, ulcéré. La femme ne mange pourtant pas spécialement comme un porc, mais il ne peut s’empêcher de lui faire remarquer qu’elle a de la crème sur les cotés de la bouche… non de dieu.. tu peux pas bouffer proprement. Mais essuie toi non de non.. à droite là, y a de la crème.. pas à gauche, à droite je t’ai dit. Bordel tu ne m’écoute pas, comme toujours, tu ne m’écoute jamais… j’en ai marre !!! Et elle, elle ne dit rien, elle laisse faire. Elle encaisse en s’essuyant la bouche. Pas de pathos dans cette scène, mais une réelle envie de comédie et ça marche. Le texte brillant, est servi par 2 comédiens excellents. Dans la scène qui suit, l’impression d’excellence se renforce. On retrouve les 2 mêmes en train de se prendre la tête, cette fois dans une voiture. Il reproche désormais à sa maman sa conduite irresponsable. Elle se remaquille en conduisant. Ce n’est pas bien. C ‘est pas sécurisant. Mais tu veux nous tuer ? C’est ça… Mais pose ce rouge à lèvres… Et en plus tu écoutes un talk show lamentable à la radio qui pourrait te déconcentrer, (moi j’aime bien cette émission, elle est culturelle) Arrêtes cette émission ! C’est ringard. Et les reproches pleuvent comme ça jusqu’à ce qu’elle décide enfin de larguer son fils au bord de la route. Inutile de dire que le bout de chemin que l’on va faire avec ses 2 personnages sera chaotique. C’est tout le temps comme ça et le pire, c’est que ça ne tourne jamais à vide. Ben oui. Ces 2 personnages ont chacun une faille que l’on découvre progressivement et qui expliques leurs attitudes respectives. J’ai tué ma mère de Xavier Dolan, un vrai petit bijou avec un titre emprunté à celui d’une rédaction écrite par l’ado lors d’un cours de français ! Une très belle illustration du dicton: qui aime bien, châtie bien !


Toute l'équipe du film !




 

MARDI 19 MAI


I love Philip Morris: 

I love this film

 

Un long métrage présenté à la quinzaine des réalisateurs, une sélection où tu vois que des films excellents… C’est drolement mieux que la compétition officielle…. I love Philipp Morris fait partie de ceux là, même si, ça reste une comédie assez calibrée, voire stéréotypée, qui manie des ficèles assez grosses… Le film est produit par Europacorp, Luc Besson, et est co-réalisé par John Requa et Glenn Ficarra… C’est leur premier long métrage et pour le coup, ils ont au générique Jim Carrey, ET Ewan Mc Gregore. Il semblerait que ce film s’inspire d’une histoire vraie. T’as de la peine à y croire, parce que le héros est un menteur de première qui est en train de purger une peine de prison de 144 ans parce qu’il s’est ouvertement foutu de la gueule de Georges Bush, à l’époque où il était gouverneur du Texas… Bon, il n’a pas fait que ça qui justifie une telle peine de prison.


Que je vous dise que I Love Philipp Morris raconte l’histoire classique d’un mec, bien sous tout rapport qui décide du jour au lendemain de changer de vie… Rien d’exceptionnel… J’aurais pu dire, c’est l’histoire d’un policier hétéro qui du jour au lendemain décide d’assumer son homosexualité et devient un arnaqueur hors pair… Et là, d’un coup, l’histoire s’éclaire sous un regard un peu nouveau. Passant de mari respecté à escroc ingénieux, multipliant les délits et les amants, enchainant les cavales, cet homme découvrira en prison le sens de l’amour et l’art de l’évasion….C’est très loufoque, c’est drôle, irrévérencieux, mais politiquement incorrect souvent rattrapé par des clichés… Quand je dis ça, je pense surtout à la représentation de l’homosexualité. au début, Jim Carrey est tarelouse si je puis me permettre, c’est drole… parce que juste avant sa métamorphose, il est dans une ambulance.C’est là qu’il a le déclic parce qu’il a frôlé la mort… il est en vie… il en prend conscience, conscience que c’est sa vie et qu’il ne doit pas la gâcher, la vivre comme il l’entend et pis c’est tout… et donc, il est train de gueuler dans l’ambulance… je veux être une tarelouse, laissez moi être une tarelouse… et 2 plans plus tard, il est devenu ce qu’il a dit qu’il deviendrait… J’adore, quand tu le vois faire l’amour avec sa femme. C’est mécanique. Il s’arrête en plein milieu et il se met à parler de sa mère biologique…Il l’a retrouvée… comme il est flic, il a ramené des dossiers la concernant à la maison. Il a pas le droit de le faire. Il se demande si il doit ou pas. Il a un cas de conscience…Sa femme, dit mais oui, bien sur, allons-y… et il répond, attend on fini tout de même, et ils reprennent mécaniquement leur petite affaire… une femme qui est hyper cato en parfait décalage avec lui. Enfin bref, y a beaucoup de situations très cocasses dans ce film où tu te marres, tu reste stupéfait devant les trésors d’ingéniosité que le personnage de Jim Carrey déploie pour sortir de prison et mener la grande vie avec son seul véritable amour joué par Ewan Mc Grégore, qui est parfait, un rôle de timide, introverti, romantique mais qui aime bien passer à l’action aussi… Un homme qui finalement tentera d’ouvrir les yeux de son compagnons, lui reprochant de mentir beaucoup trop.. En fait, sa vie est un mensonge permanent, et forcément que dans ce cas là, y a des dommages collatéraux possibles… je ne sais pas quand I love Philipp Morris sortira sur nos écrans, mais je ne manquerai pas de le rappeler à votre bon souvenir.

DEMAIN DES L'AUBE:
OUI, MAIS PAS TROP TÔT!




Dercourt, Perez & Reinier

 

Les jeux de rôle, c’est étrange, bizarre, ludique mais ça peut vite devenir malsain, voire dan- gereux. C’est ce que tend à montrer Denis Dercourt dans Demain dès l'aube dans la section Un Certain Regard, film qui met en scène Vincent Perrez et Jérémie Rénier.Ils sont frères. Le premier est un pianiste célèbre. Entre 2 leçons de piano, il enregistre un disque et se prépare pour des concerts. Marié à son attachée de presse, ils sont en passe de se séparer. Il faut dire que depuis peu, il est tracassé, soucieux car sa mère est mal en point. Elle doit subir une chimiothérapie. Alors, il décide de quitter le toit familial pour revenir chez maman, le temps que cette dernière se fasse soigner à l’hôpital.

Elle lui a demandé un service. Pendant son absence, elle aimerait bien qu’il garde un œil sur son frère. Le jeune homme mène une vie classique.Il travaille à l’usine comme magasinier mais n’a pas de copine. Par contre, il a un hobie. Dès qu’il en a l’occasion, il se glisse dans la défroque d’un hussard. Oui, avec d’autres, il mène comme qui dirait une vie parallèle où il se prend pour un soldat de Napoléon. Régulièrement, des reconstitutions sont organisées, en secret.Un jour, il invite son frangin à participer à l’une de ses réunions. Ce dernier découvre un univers incompréhensible à ses yeux. Ces gens sont visiblement des passionnés inoffensifs qui jouent simplement à être soldat.
Mais le danger, c’est qu’à force de se prendre trop au sérieux, on peut sombrer dans une totale skizophrénie et dès lors se laisser emporter par des émotions incontrolables susceptibles de mettre en danger sa vie et celle d’autrui. Demain dès l'aube,  un film que Denis Dercourt a en gestation depuis bien 8 ans. Il lui a fallu d’abord cerner exactement les contours de son film avant de se lancer.Certes, s’il connaissait l’existence de ces cercles secrets où l’on reconstitue le plus fidèlement possible certaines pages historiques, il ne voulait pas se cantonner à seulement dépeindre cet univers.Il a donc injecté dans son scénario une histoire familiale forte et inventé des personnages de frères très liés. Là où il s’est planté, c’est qu’il a essayé d’imprimer une espèce de mécanique du thriller, une tension propre au film de genre. Ça ne marche pas ! On n’est jamais sous tension en regardant ce film. On devine par
avance que ça se terminera bien.Dommage, il y avait là une possibilité d’aller plus loin dans l’angoisse, dans la parano.

A un moment, le novice veut quitter le jeu de rôle, mais il ne peut pas. Le jeu le rattrape dans sa vie de tous les jours. On le suit, on le provoque, on  lui intime l’ordre de respecter les règles, mais il y a un manque de conviction, de savoir faire aussi de la part de Denis Dercourt. Le thriller, c’est pas son truc. Ben non, son dada, c’est de faire des films qui sont beaux, avec des décors magnifiques, une lumière impeccable, de la belle musique, des jolis costumes.Bien sur que l’on retrouve tout ça dans Demain dès l'aube, et c’est tant mieux, sinon, on quitterait la salle avant la fin.Notez que le duo Vincent Pérez, Jérémie Reinier fonctionne bien, à ceci prêt que sur la fin, dans la dernière scène du film, la démarche de Vincent Pérez est plus proche du risible qu’autre chose ! il joue au héros
comme il sait si mal le faire… dommage !


LES HERBES FOLLES :


 M. Resnais sur le tournage du film.

De la folie, Alain Resnais n’en manque pas !

C’est vrai que dans chacun de ces films, il se passe toujours un truc un peu fou, et c’est encore le cas dans son nouveau long métrage.Tout commence avec une caméra qui rase le bitume, puis , toujours à hauteur de talon aiguille, elle se déplace pendant que le narrateur Edouard Baer nous raconte une histoire de pieds. Il nous parle d’une femme qui a des pieds tellement originaux qu’elle est contrainte de se chausser dans une
boutique spécialisée où on lui fabrique du sur mesure. En fait, Sabine Azema vient régulièrement à la boutique Marc sJacob sous les arcades du petit palais à Paris. Voilà, c’est dit.

Elle aime bien la petite vendeuse qui s’occupe d’elle patiemment. Elle aime bien prendre son temps, des fois même essayer tout le stock avant de se décider. C’est compliqué d’acheter une paire de chaussures à son pied. Il faut que la taille, la forme et la couleur soient au diapason.

Des fois, on a l’un sans les autres. D’autres fois, on a rien qui ne convient.. Il arrive aussi qu’on flashe sur un modèle auquel on aurait jamais pensé. Ce jour là, Sabine Azéma se décide pour une paire de chaussures à talon bicolore. Heureuse de son achat, elle sort de la boutique. A ce moment précis, une crapule en roller lui dérobe son sac à main jaune.Alors que tout le monde en pareil cas aurait crié au voleur, elle, elle reste muette. La voix off explique que ça arrive. C’est comme quand on se noie. On crie machinalement au secours, aidez-moi. A moins d’être tétanisé par la peur. C’est son cas, alors elle se tait, rentre chez elle pour prendre un bon bain. Pendant ce temps, André Dussolier trouve un porte- feuille rouge à proximité de sa voiture, garée dans un parking souterrain.Aussitôt, ça bouillonne dans sa tête. Curieux personnage qui semble particulièrement dérangé. En voix off, il nous livre son avis sur 2 filles qui passent près de lui. Il s’insurge contre le manque de goût de l’une d’elle qui porte un string noir sous un pantalon blanc transparent.

Alors qu’il fixe la donzelle, on l’entend bouillonner, pester. il a même envie de la tuer. Puis il se reprend… pourquoi cette pensée… mon dieu, c’est horrible. Finalement, il ne tue personne, rentre chez lui et décide d’appeler la propriétaire du porte-feuille. C’est justement Sabine Azéma.Mais elle es absente, alors il file à la police et tombe sur Mathieu Amalrich, un flic particulièrement observateur.Après valse hésitation, Il dépose l’objet que Sabine Azéma viendra récupérer plus tard. Un contact se noue entre les 2. Mais Dussolier, décidément trop étrange, commence à harceler cette femme seule.Et voilà comment à partir d’un évènement insignifiant, Alain Resnais parvient à nous livrer une histoire folle où l’on y croise des personnages tous un peu dingos, à part peut être Emmanuelle Devos qui joue une collègue dentiste de Sabine Azéma et Anne Consigny, la femme de Dussolier… quoique, on dirait qu’elle est soulagée de voir que son mari s’intéresse à une autre femme… ça la rassure quelque part, sans doute que son mari trop bizarre la fatigue un peu…. Les herbes folles, une brillante adaptation de l’incident de Christian Gailly, un film bien divertissant.

Le texte est excellent, les acteurs parfaits et la musique, très jazz, absolument envoutante.Resnais nous embarque sans peine dans son histoire et à la fin, il trouve même le moyen de surprendre son monde. Je vous en dis pas plus, ce serait
criminel. Avec Alain Resnais, on est rarement déçu. Cela dit, je suis pas certain qu’il figure au palmarès de cette 62ème édition Cannoise.

MERCREDI 20 MAI


INGLORIOUS BASTERDS



 


J’ai pu le voir… oui, j’ai pu le voir et c’était pas gagné.

Ce matin était programmé Inglorious Basterds de Quentin Tanatino… pas gagné parce que la salle était déjà pleine à craquer à 8h00 ! J’ai essayé de resquiller de toute part… je me suis même faufilé avec des invités d’honneurs qu’on laissait passer.Evidement que quand le bien musclé vigile a repéré mon badge ROSE, il n’a pas eu besoin d’ouvrir la bouche pour me faire faire demi tour…Cela dit, il m’a tout de même lâché, sympathiquement : même les badges blancs ne rentrent pas… le blanc, c’est le graal, c’est la carte vermeille de Cannes, c’est celui qu’on te file après 50 ans de festival… mais  il a ajouté tout doucement : si vous voulez, y a une séance supplémentaire qui vient d’être mise sur pied à la salle du soixantième. Vous aurez peut-être une chance… Je file au pas de course, j’arrive devant la fameuse salle, y a déjà au moins 500 personnes qui attendent, une centaine qui sont déjà rentrés… si la capacité de la salle atteint les 400 places, c’est le bout du monde. Je joue des coudes avec mon camarade de la TSR, Mathieu, dépité, inquiet parce que comme moi, il n’est pas sur de rentré… pis finalement, miracle… on y parvient…

 

Et là je me dis que cette mascarade va contribuer à alimenter encore un peu plus le buzz sur ce film Inglorious Basterds. L’opération marketing est en marche depuis bien 1 an maintenant. Ça a commencé avec des rumeurs sur le net, quand au sujet, quant au casting, quant au lieu de tournage… et puis y a eu des premières images qui ont filtrés, contrôlées par les Weinstein, des propositions d’affiche, un teaser où l’on voit Brad Pitt demander à ses hommes de ramener chacun 100 scalpes de nazis, un teaser abusif parce que du scalpe, y en a pas tant que ça au final, mais bon.. Les internautes se sont déchainés… tout le monde en a parlé sans savoir de quoi il fallait parler. D’après la rumeur, Tarantino n’était pas certain de pouvoir le terminer à temps pour Cannes, mais les épiciers de la Weinstein compagny ont fait le forcing. Tu vas finir ton film et tu vas le présenter à Cannes et pis c’est tout… Du coup, le film à peine terminé et seuls les privilégiés ont pu le voir à la première séance, de quoi là encore faire monter la sauce… Tout ça est savamment orchestrés…Pensez à ceux qui sont restés sur le carreaux, fébriles, énervés, agités… ils s’interrogent, ils ne peuvent que guetter les réactions à la sortie des 2 salles pour avoir quelques détails…  les avis sont unanimes… j’ai vu le Tarantino, il est génialeuuuuuuuuuuuu… 3 orgasmes plus tard, un caméraman de France 24 m’intercepte… pourquoi moi ? je sais pas…  je lis sur son visage qu’il vient de récolter que des avis enthousiastes. Il s’attend à ce que je m’extasie, que je me pourlèche à mon tour devant l’objectif, et là, au fur et à mesure que je parle.. .le type est complètement déconfit ! je dis que c’est nul… C’est un film à son image, bavard… y a pas assez d’hémoglobine, pas assez d’action. Pour la bande son, il nous ressort une musique entendue dans kill Bill, c’est lamentable… un peu de Morriconne pour faire western… tout ça est très fainéant… 2h1/2, pour un film découpé en 5 actes où t’as tout de même tendance à regarder la montre. L’escroquerie continue… Quand j’ajoute que les Weinstein devraient faire ce qui savent faire de mieux, c’est à dire jouer du sécateur et couper au moins 1/2 heure, le type n’en croit pas ses oreilles… mais quand même 1/2 heure, c’est beaucoup… Oui, vous avez raison que je lui dis, ils devraient couper 1 heure ! Pour éviter que ce mec ne fasse un infarctus, je le rassure en lui disant que j’ai aimé les précédents sauf le dernier BD de la mort… parce que il tombe dans le même travers… ça discute plus que ça n’agit et moi ça me gave. Pour mettre un peu d’eau dans mon vin, dans les 5 actes de Inglorious Basterds, y a à chaque fois un truc bien qui se passe, il y a un personnage de colonel ss qu’est parfait… alors lui, il mérite un prix d’interprétation, c’est sur… Diane Kruger s’en sort bien, Monsieur Pitt fait du monsieur Pitt. Perso je le préfère en bobet chez les frères Cohen dans Burn After Reading… là, tu sais pas si il est con, stupide, si il fait semblant… Etrange. Voilà, Inglorious Basterds ne m’a pas plus emballé que ça… Non je suis déçu parce que le marketing m’a une de fois de plus empapaouté ! donc pour me refaire une santé, je crois que j’vais aller voir un film Malésien… donc je vais faire ça….

 

 

LE RUBAN BLANC:
UNE PALME POSSIBLE




Un village de l’Allemagne du Nord protestante, à la veille de la première guerre mondiale. Voilà le décorum choisi par Michael Haneke pour Le Ruban blanc présenté en compétition. Ici, dans ce village à priori paisible, le quotidien des habitants va bientôt subir quelques bouleversements. D’étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d’un rituel punitif.

Qui se cache derrière tout ça? C’est tout l’enjeu du film de Micheal Haneke, un film en noir blanc, absolument superbe. Haneke, comme toujours prend le temps de poser les situations, d’introduire les protagonistes.Il y a tout d’abord l’instituteur, amoureux de la nurse des enfants du baron et de la baronne du village.Elle a 17 ans, il en a 31! L’un d’eux aurait-il une raison d’en vouloir au docteur, au point de provoquer une chute de cheval ? Pas sur! Et le paysan retrouvé pendu… A-t-il réellement mis fin à ses jours ou l’a-t-on un peu aidé? Et si on lui a prêté main forte, qui avait intérêt à supprimer ce pauvre homme ?

Que de questions, que de mystère dans ce film raconté en voix off par l’instituteur, un film tout en lenteur qui dit les non dits.

Dans ce genre de village rural, derrière chaque porte, il y a un secret. Et le spectateur est invité à les percer les uns après les autres.On y découvre ainsi un couple d’aristo qui nourrit le village, un couple qui bat de l’aile.Il y a aussi un pasteur très rude avec ses enfants, un toubib qui refuse que sa sage femme continue à lui faire des gâteries et qui explique qu’il ne peut plus faire l’amour avec elle parce qu’elle est trop laide ! Et même si il pense à une autre au moment de l’acte sexuel, son imagination lui fait trop défaut pour continuer cette mascarade.Ce monstre préfère tripoter sa fille plutôt que sa compagne, une sage femme qui s’occupe d’un enfant retardé qui se fera lyncher..Mais qui pourrait bien s’en prendre à ce pauvre gamin ?  la fille du régisseur ? Elle dit avoir eu un rêve prémonitoire ! Rêve ou réalité ? Et le régisseur, n’aurait-il pas de bonnes raisons de mettre le feu à la grange abritant toute la récolte de blé, à moins que ses enfants, jaloux du fils du baron et de la baronne n’aient quelque chose à se reprocher. C’est une piste tout aussi valable que n’importe quelle autre, mais est-ce la bonne ? Non, la bonne du baron et de la baronne n’a rien à voir dans tout ça, c’est sur… Alors qui ?Le Ruban blanc un film qui pourrait bien taper dans l’œil d’Isabelle Huppert. De là à lui refiler une palme d’or, ce serait un peu gonflé. Ça sentirait trop le copinage, puisque, rappelons-le, la présidente du jury a reçu un prix d’interprétation féminine à Cannes en 2001 pour la pianiste du même Haneke! 


 

JEUDI 21 MAI 2009


A L’ORIGINE:




A l’origine, il y a un fait divers, une histoire vraie, pas banale, celle d’un petit escroc qui va construire une portion d’autoroute au milieu d’un champ. C’était il y a 10 ans.Alors évidemment, on imagine bien l’ampleur de l’escroquerie. Parvenir à bitumer une parcelle de champ en milieu rural, c’est pas une simple arnaque à l’assurance.On régate dans une autre dimension.Il faut imaginer que le type embarque dans son délire toute une région, une commune, des entreprises locales, une banque, une population touchée par le chômage et qui se réjouit de retrouver du travail grâce à un tel chantier.


Ce fait divers, autant intrigant que romanesque a tout de suite titillé Xavier Giannoli. Certes, au delà de ça, la personnalité de l’escroc, et ses réelles motivations surtout, l’ont franchement séduit. Parce qu'après avoir lu cet entrefilet dans la presse, Xavier Giannoli est entré en contact avec le juge qui a instruit l’affaire, un juge qui fait une apparition à la fin du film.Comme il n’est plus sujet au devoir de réserve, parce que retraité, il confie sans peine au cinéaste que l’escroc est un escroc hors norme. Son mobile n’est pas l’argent. Etrange pour un escroc ! Bien sur qu’au début, il se lance dans cette entreprise par appât du gain, mais quand la situation commence à le dépasser, et on le voit très bien dans le film, il fini par se convaincre qu’il est train de répandre le bien autour de lui. Il se sent dès lors investi d’une mission. Il doit coute que coute construire cette portion d’autoroute.Donc, il fait faire des faux papiers à entête au nom d’une entreprise fantasque, filiale d’un grand groupe de construction existant.Il se fait copieusement graisser la patte par les entrepreneurs locaux qui veulent être de la partie.Il arrive à convaincre une banque de lui ouvrir un compte avec un chéquier. Il abuse ainsi la confiance de tous ceux qui l’approchent, avec une facilité déconcertante.Et ce qui est dingue, c’est que jamais personne ne remet en cause ce projet de reprendre la construction d’une autoroute qui avait été interrompue à cause des écologistes qui avaient mis la pression, le goudron nuisant à une population de scarabées très rares et qui vivaient là.
Mais pour bien comprendre pourquoi il a pu berner tout le monde aussi facilement, il faut garder présent à l’esprit que la région est frappée par la misère, et grâce à lui, entrepreneur imaginaire, complètement mythomane, toute une population retrouve de l’espoir. L’espoir, ça n’a pas de prix ! On considère donc ce type comme le messie. Xavier Giannoli dit avoir rencontré le véritable escroc, dans sa cellule, et être plus ou moins tombé sous son charme, parce que, assez curieusement pour un arnaqueur, ce n’est pas un type qui brasse de l’air, qui parle pour parler et embobiner, mais plutôt quelqu’un de timide, introverti, très à l’écoute. C’est sans doute pour ça que personne n’a pu le soupçonner.Le cinéaste est également allé au devant de ceux et celles qui se sont fait escroqué. Certain parlaient de ce mec comme d’un salaud qui voulait jouer au patron, d’autre comme d’un type qui voulait simplement les aider, autant d’éléments contradictoires qui ont favorisé le romanesque et ainsi aidé Xavier Giannoli a dessiner les contour de ce personnage incarné brillamment par François Cluzet, complexe, trouble, pris à son propre piège.


L'escroc & Mme le Maire (Cluzet, Devos)


A un moment donné, les sentiments vont forcément s’en mêler. Il noue une amitié avec un jeune couple, un peu dans la dêche. Il sait bien qu’il est train de les mettre en péril, mais il continue à se taire.Idem avec madame le maire, incarnée par Emmanuelle Devos. Comme le autres, elle est aveuglée et se laisse avoir en beauté.Autant dire que quand le poteau rose sera dévoilé, c’est toute une population qui tombera de haut.


 
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