PAGE SPECIALE CANNES

 

 

 

PALMARES CANNES 2011

 

 

 

 

Robert De Miro et ses champignons, comme il l’a dit sur la scène du Théâtre Lumière ont donc halluciné… En fait de champignons, il fallait comprendre compagnons et en guise Robert de Miro il fallait comprendre Robert de Miro car le palmarès de ce 64ème festival est l’œuvre d’un jury de myopes et d'un Président aveugle! Certes, si TREE OF LIFE de Terrence Mallick, la Palme d’Or semblait évidente  pour tout le monde, la solidarité américaine ne faisant aucun doute, à moins d’être le dernier des naïfs, le reste du palmarès a eu lui de quoi laisser perplexe.

Pourquoi Kaurismaki et LE HAVRE ont-ils été écarté? Ce compte moderne et désuet à la fois traitant de la clandestinité devait être dans la liste des gagnants! Son absence est incompréhensible tant le film du Finnois Aki Kaurismaki a fait mouche et tapé dans l’œil de toute la Croisette. Pourquoi ne pas lui avoir au moins remis le prix de consolation, le fameux Grand Prix? Si c’était pour privilégier les Dardennes et leur mioche en vélocypède, ou l’autre film de Ceylan, ONCE UPON A TIME IN ANATOLIA hyper contemplatif, parfait pour roupiller, ce n’était vraiment pas la peine!

C’est donc ça, le jury a ronflé pendant 10 jours! Et aujourd’hui, ça se remarque tant ce palmarès est incompréhensible. A moins que ce ne soit le nazi Lars Von Trier qui les ait perturbés! C’est  aussi une éventualité.

En effet, Almodovar aurait mérité un semblant de reconnaissance pour la qualité du scénario de LA PIEL QUE HABITO. Un chirurgien esthétique qui pratique une vagino-plastie sur le violeur de sa fille décédée et reconstitue ensuite avec ce mec sa fille pour mieux lui faire l’amour, ça mérite une palme du meilleur scénario! Et ben non! parce que Lars Von Trier a déconné, le premier film venu traitant du Talmud a intégré le palmarès d’une manière ou d’une autre. Et comme on ne pouvait décemment pas refiler un prix majeur à FOOTNOTE, on lui a remis celui du scénario… Super, 2 conceptions et deux manières de défendre ce texte sacré s’opposent dans ce film de Joseph Cédar. Bravo pour l’originalité!

Décidemment, Lars a merdé! Sûr qu’il aurait mérité la Palme. Ça lui apprendra à sortir une grosse connerie en conférence de presse cannoise. A cause de son sens inné de la provocation foireuse, MELANCHOLIA repart avec un prix de consolation pour Kirsten Dunst déclarée meilleure actrice, alors qu’elle ne le méritait pas en comparaison de la formidable Tilda Swinton, L’héroïne de WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN paye les pots cassés. Celle qui joue une mère de famille cherchant où elle à merdouillé avec son fils futur auteur d’une tuerie devait être récompensée!

Et que penser de Jean Dujardin en meilleur acteur pour sa prestation dans THE ARTIST, film rattrapé in extrémis en compétition alors que dans le livre officiel il est présenté dans la liste des longs métrages hors compétition? Comment s’est-il retrouvé là? Qui s’est désisté? On ne le saura jamais! Par contre, ce que l’histoire retiendra c’est que Dujardin  l’acteur français le plus en vogue du moment avec sa tronche taillée pour le burlesque et le cinéma muet a éclipsé un Michel Piccoli pourtant impérial dans Habemus Papam. Et oui, en voilà un autre d’oublié du Palmarès, Nanni Moretti pourtant auteur d’un film diablement délirant et palpitant, sur un conclave et un pape qui ne veut pas devenir pape! Dommage pour l’italien qu’on aurait bien vu repartir avec un prix du Jury. Ce sera finalement Maïween et son POLISSE qui aura les faveurs du jury. POLISSE, une plongée dans le quotidien de la brigade de protection des mineurs, un mix entre ENTRE LES MURS et LE PETIT LIEUTNANT, intéressant mais sans plus, un film franco français qui ne pouvait pas prétendre à la Palme d'Or et qui repart normalement avec son 3ème prix!

Encore un mot sur DRIVE, prix de la mise en scène bigrement justifié pour le réalisateur de la trilogie THE PUSHER, tant Nicholas Winding Refn, le Danois exilé aux States, fait preuve de maestria dans ce film aux relents de  Kitano et Tarentino réunis. Il méritait cette reconnaissance, et même peut-être plus!

Quant à la Caméra D’Or récompensant le meilleur premier long métrage, là encore le jury présidé par Bong Joo hoo s’est vautré, passant à coté de Snowtown, l’histoire ultra violente du plus grand psychopathe qu’ei connu l’Australie, privilégiant un routier prenant une gonzesse en stop. Le lauréat  s’appelle LAS ACACIAS.

Grosse déception donc pour ces résultats, heureusement pas à la hauteur de la sélection qui elle était, d’un niveau exceptionnel. Vous pourrez juger sur pièce lorsque ces films sortirons au cinéma, pour la plus part, des œuvres formidables à découvrir d’ici la fin de l’année!

 

 

 

ET LE GAGANT EST.... 

 

 

Aucun film ne se détachant réellement, De Niro et ses jurés vont avoir du mal à distribuer leurs palmes, d'autant que le niveau de la compétition cette année était particulièrement relevé. En attendant la proclamation des résultats de cette 64ème édition du festival de Cannes, voici mon palmarès.

 

Palme d'Or : LE HAVRE

Grand Prix : DRIVE

Mise en Scène : TREE OF LIFE

Scénario : LA PIEL QUE HABITO

Actrice : Kirsten Dunst dans MELANCHOLIA

Acteur : Ezra Miller dans WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN

Prix du Jury: POLISSE

Caméra d'Or: SNOWTOWN

 

 

 

 

 

 

LES GEANTS 

 

 

 

Il aura fallu attendre le dernier jour pour que je puisse enfin aller faire un saut au Théâtre Croisette, le fameux qui accueille la Quinzaine des Réalisateurs. Etait projeté ce matin le film de clôture. Celui-ci, je ne voulais pas le manquer et pour cause, il s’agit d’un film belge de Bouli Lanners intitulé LES GEANTS, un film sur l’enfance, l’abandon, la famille qui n’est plus là, un film sur le même thème que celui des frères Dardenne en beaucoup moins pénible. Si le gamin au vélo a de la peine à changer de braquet et pédale dans la semoule, LES GEANTS eux, avancent à un rythme soutenu et prennent la tête du peloton… A se demander pourquoi Bouli Lanners n’a pas été retenu en compétition à la place des deux autres déjà palmés !

 

 

Que je vous dise qu’on est ici en été, un été humide dans les Ardennes. 2 frères de 15 et 13 ans ¾, c’êst important le ¾ à cet âge là,  s’ennuient. D’un coup, ils parviennent à démarrer la voiture de pépé. Et voilà que les désœuvrés passent la première et décarrent au volant de cette caisse. Ils ne vont pas bien loin. Ils  sortent à peine de la cours qu’au milieu de la route, face à eux, un autre ado reste immobile.

 

 

Placer un face à face final d’un Western au début d’un film sur la famille, c’est plutôt bien vu. Ces 3 là ne se quitteront plus. Mais que faire dans cette campagne des Ardennes à part fumer de l’herbe, rouler à fond en voiture dans un champ de maïs, ramer en barque et aller piquer de la bouffe dans la maison du barbu d’à coté ?

Parce que ce qu’on n’a pas dit, c’est qu’ils sont seuls, livrés à eux même. Pas de papa. Une maman que l’on arrive difficilement à joindre au téléphone et qui s’est tirée en Espagne.

 

 

En plus ils sont fauchés! Ils ne peuvent même pas mettre de l’essence dans la voiture pour aller faire un tour. La seule solution pour se faire un peu de fric passe par Bœuf, un cultivateur de weed. Mais attention, Bœuf, il faut pas le fixer droit dans les yeux sinon tu meurs ! Quand il te regarde, si il ne bouge plus, c’est qu’il vise ton front et qu’il s’apprête à te tuer en un seul coup de poing. Ce surnom de Bœuf lui vient du temps où il bossait aux abattoirs et qu’il tuait des taureaux. Alors pourquoi on l’appelle pas taureau ? Parce que bœuf ou taureau, c’est pareil et qu’on va pas s’emmerder avec de la dialectique !

 

 

Bœuf a un homme de main, une brute épaisse qui pense avec ses muscles, qui a une batte de base ball à la place du cerveau. Lui, c’est le cogneur celui qui dérouille son frère, l’un des 3 ados ! Et il n’y va pas de main morte. Faut pas se trouver sur son chemin. Le problème, c’est que les 3 gamins vont se trouver sur son chemin, sur celui de Bœuf, mais heureusement pour eux, sur celui aussi de Marthe Keller qui joue une femme seule qui élève une enfant autiste, une adulte qui leur tendra enfin la main.

 

 

LES GEANTS, un film fin où on navigue toujours entre le drame et la comédie. Dès qu’une scène tire d’un coté, immédiatement, Bouli Lanners désamorce, prend la tangeante et le contre-pieds. Et le film de fonctionner sur cette mécanique. Exemple, à un moment donné, les 3 enfants découvrent que la brute épaisse se tape la femme de Bœuf. On les voit tels deux animaux en rutes en train de s’éclater dans le lit d’une caravane.. .la scène est hilarante, mais ce qui vient tout de suite derrière l’est beaucoup moins avec ce type qui vient dérouiller les mômes. Cela se termine avec une planche cloutée plantée dans un crâne. Y a pas de mort, seulement des coups violents… Voilà qui résume l’atmosphère de ce film LES GEANTS.

 

 

Dès que les mômes font une connerie plutôt rigolotte, un gros plan sur le plus jeune en train d’envoyer des SMS à sa maman qui restant sans réponse suffisent à rappeler que ces gamins ne peuvent compter que sur eux mêmes, qu’ils ne sont pas assez mûrs pour se débrouiller et que l’amour maternelle que tout enfant devrait recevoir leur fait cruellement défaut. On en viendrait presque à laisser s’échapper une coulée de larmes et c’est juste au moment où on va pour pleurer, que paf, un gag déboule, une cabane de bois moisie qui s’écroule ou autre… LES GEANTS, Il repose en plus sur un casting épatant, les 3 mômes sont justes géniaux. 

 

 

 

 

 

 

DRIVE

 

 

 

En compétition hier soir, on a vu DRIVE, une récréation formidable, du sous Tarantino à la sauce sous Kitano ultra sanglante avec un coté Bruno Dumont pour les gros plans contemplatifs qui s’arrêtent et s’éternisent sur la tronche du héros, un type qui est une parodie sur pate de tueur froid qui parle peu et machouille son cure dent.

Et puis surtout, dans DRIVE, il y a des dialogues à mourir de rire. Par exemple, entre deux malfrats le ton monte et l’un balance : toi tu va fermer ta gueule avant que je fasse des nœuds avec ta langue! Enfin voilà les ingrédients d’un cocktail délirant. En fait, DRIVE met en scène un formidable pilote, cascadeur le jour, un peu mécanicien et surtout qui met ses talents de chauffeur au service de mauvais garçons. Vous avez besoin de 5 minutes pour semer la police après un braquage, pas de problème, The Driver est l’homme de la situation. Je dis The Driver, parce que ce film est visiblement inspiré, consciemment ou inconsciemment de ce jeu vidéo pour Playstation 2 qui reprenait exactement ce pitch! Autant dire que le scénario n’est pas très musclé. Et pourtant, DRIVE possède un réel cachet.

 

 

Dans la séquence d’ouverture, le réalisateur installe une tension incroyable en quelques plans. Un  type est au volant d’une voiture. Deux hommes cagoulés sont en train de cambrioler un dépôt. Le chauffeur écoute la retransmission d’une rencontre sportive à la radio. On joue les 6 dernières minutes d’une finale. Il est scotché là dessus en même temps qu’il est branché sur la fréquence de la police. Un premier malfrat revient avec un sac plein. Le temps presse. Une première patrouille devrait se pointer dans deux minutes. Et le deuxième voyou arrive enfin. On s’attend à ce que le pilote démarre sur les chapeaux de roue et à assister à une course poursuite complètement folle à la Fast and Furious. Et bien pas du tout. Il démarre à deux à l’heure, suit une voiture qui n’avance pas devant lui. Les deux malfrats sur la banquette arrière sont aussi surpris que le public. Soudain, il se parque même sur le coté de la route, derrière un camion, éteint ses phares pour mieux échapper à la fameuse patrouille annoncée sur la fréquence des flics. Et ça marche. On ne le repère pas… Bon après, il y aura bien quelques pneus qui crissent et des moteurs qui vrombissent. Faut pas déconner. D’ailleurs, The Driver ne déconne jamais. C’est tout juste s’il sourit. Notez qu’avec la petite voisine de pallier, cette mère qui élève seule son fils, il est sympa. Il se dit que ce doit être cool d’être papa, amoureux, et de veiller sur une famille. Seulement, voilà que le mari de la demoiselle sort de prison. Ses plans tombent à l’eau et pire encore, avec l’apparition du mari, le pilote va plonger malgré lui dans un traquenard et va devoir jouer de la lame de rasoir, du coup des coups de pieds dans la tronche, de la carabine à gros calibre, pour rester en vie et surtout, pour sauver celle de sa voisine.

 

 

DRIVE, un film en compétition, qui a provoqué pas mal de fous rires dans la salle, en même temps que les amateurs de cinéma dit "sérieux" étaient dépitéa par cet étonnant et pourtant délicieux objet cinématographique. je ne sais pas pourquoi, je me dis que De Niro a du s’éclater avec cette série Z qui n’en n'est pas une. C’est ce qui est troublant avec DRIVE c'est qu'on est face à du cinéma d’auteur de genre, ou du cinéma de genre d’auteur, un drôle d’OVNI dont on ne sait jamais s'il faut le regarder au 36ème degré pour l’apprécier ou au contraire, rester au premier degré pour aussi l’apprécier. C’est très étrange et je dois admettre que c’est le premier film qui suscite cette réaction là. Les autres films de la compétition sont de très bons films, excellents, bien maitrisés, bien réalisés, bien joués, mais finalement profondément classique, donc sans surprise, donc un peu chiant. Jusqu’à présent on n’avait pas vu un objet aussi hybride dans lequel en plus, la Joan des Mad Men se fait exploser la cervelle. Rien que pour ça, De Niro doit oublier Terrence Mallick et la solidarité américaine et remettre la palme d’or à DRIVE, un film de Nicolas Winding Refn avec Ryan Gosling, Carrey Mulligan, Chritina Hendricks.

 

 

 

 

 

 

 

L'EXERCICE DE L'ETAT

 

 

 

Il y a La Conquête la plaisanterie pour amuser la galerie et il y a L'Exercice de L’Etat pour réellement décrypter les rouages de la fonction ministérielle. Olivier Gourmet incarne un ministre des transports malade en hélicoptère, qui gerbe en voiture et qui comble du comble, aura droit à une sortie de route meurtrière pour un de ses collaborateurs. Cet homme de terrain, un peu fougueux est épaulé par des conseillers dont Zabou Breitman chargée de sa communication. Michel Blanc, lui, est l’éminence grise, le directeur de Cabinet, celui qui guide le ministre dans ses prises de positions, en un mot son ami. Quoique, ce terme en politique ne veut rien dire ! Les amis n’existent pas. Et puis, on peut avoir 4000 contact dans son téléphone portable et tout de même se savoir très seul.

 

L'entame de ce film de Pierre Shoeller, cinéaste français découvert à Cannes en 2008 avec le film VERSAILLES est remarquable et absolument déroutante. Le métrage débute en effet sur un rêve halluciné où des apparitions fantomatiques mettent en place le bureau du ministre. Un crocodile est dans un coin de la pièce. Une femme nue pénètre par la grande porte et s'asseoit face à la bestiole, écarte les jambes avant de s'enfiler dans la gueule impressionnante de l'animal, qui n’en fait qu’une bouchée. Soudain le rêve s'interrompt et l'on découvre Olivier Gourmet, le ministre St Jean, dans son lit en pleine nuit avec une trique d'enfer! Apparemment, c'est très excitant de se retrouver au plus haut niveau de l'état. Ceci dit, son émotion en relief et en 3 dimension dans son caleçon va vite retomber. Son téléphone sonne. Depuis quelques minutes, son Cabinet ministériel est en ébullition. Un autocar transportant des enfants s'est renversé dans un fossé sur une route des Ardennes. Il y a des morts, des blessés plus où moins graves. Le ministre doit se rendre sur place pour se montrer devant des cameras. C'est bon pour son image.

 

Toute cette ouverture se fait dans un vacarme assourdissant. Très vite, les affaires courantes reprennent le dessus. Il faut remonter ä Paris et clamer sur une radio nationale que le gouvernement ne privatisera pas la SNCF. Rattrapé par le ministre du budget, ce dernier annonce le contraire sur une radio concurrente deux minutes après. Le téléphone chauffe entre les deux ministères. La lutte de pouvoir et d'influence bat son plein entre les énarques et ce ministre qui ne sort pas du sérail. Et le film de montrer à quel point il faut se compromettre, se fourvoyer, avaler des couleuvres pour conserver son poste. Fierté, intégrité intellectuelle, honnêteté et exercice du pouvoir ne font pas bon ménage. D'autant que le premier ministre lui intime l'ordre de conduire cette reforme de privatisation. Tiraillé entre sa conviction que c'est une connerie et l'obligation d'exécuter sans rien dire, il faut trouver le moyen de ne pas passer pour un hypocrite aux yeux du publique. Ce sont toutes ces contradictions, cette dichotomie entre vouloir et pouvoir qui est ainsi scruté à la loupe.

 

 

Et Pierre Schoeller d’enfoncer le clou lors du manège d’un remaniement ministériel. On comprend qu’en France le Président décide, le Premier Ministre informe et les ministres exécutent. Ils sont des hommes de paille juste bon à suivre une feuille de route décidée par l’Elysée : ne jamais rien promettre, seulement désamorcer des conflits en occupant le terrain pour faire croire que l’on travaille dans l’intérêt du peuple, alors que seul l’intérêt personnel compte. A ce propos, le film montre également très bien les coups bas. Dans l'éventualité d'une démission, le ministre prépare les élections municipales et profite de sa position pour écarter tous les concurrents gênants susceptibles de lui barrer la route. Il veut une voix royale et il aura sa voix royale en faisant nommer le seul adversaire dangereux, à la cours des comptes, le genre de poste qui ne se refuse pas et interdit tout cumule de mandat. L’EXERCICE DE L’ETAT, c’est aussi ça, un calcul permanent, un film en tout cas de Pierre Schoeller avec Olivier Gourmet, Michel Blanc, Zabou Breitman, un film excellent dévoilé dans la section Un Certain Regard.

 



LA PIEL QUE HABITO 




Ce matin avait lieu l’entrée en piste de Pedro Almodovar. Salle comble pour réserver un accueuille mitigé à celui qui a longuement hésité avant de dire oui à la sélection officielle. Je rappelle que le fier espagnol Pedro n’avait pas supporté les critiques de son Etreinte Brisée lors de sa dernière participation au Festival de Cannes, d’où l’hésitation cette année à y participer. Et à mon avis on n'est pas prêt de le revoir sur la Croisette tant il y a des choses à reprocher à LA PIEL QUE HABITO… enfin il y a surtout UNE chose à reprocher, la longueur excessive de la première partie de son film, comme s’il avait peur de traiter réellement son sujet, de l’affronter. Il faut dire qu’il revisite le thème de Frankenstein et le dope avec un peu d’inceste par ci, un peu de vaginoplastie par là, un soupçon de viol, une belle vengeance, et des actrices formidables dont Elena Anaya qui incarne le cobaye du chirurgien plastique Antonio Banderas et Marisa Parades qui elle joue la servante. 


En fait, le film débute sur un montage parallèle où l’on découvre une femme qui réalise des sculptures, des collages dans une chambre. En même temps, un homme prend la parole à la tribune d’un congrès et explique que les travaux qu’il a poursuivi jusqu’à présent sur la peau sont une totale réussite. On comprend, via ce montage, que celle qui est dans la chambre est le résultat des travaux de ce chirurgien à qui on intime l’ordre d’arrêter tout de suite ses recherches. Il se pose un problème d’éthique évident. Le plus troublant, c’est qu’il accepte très facilement. Entre alors en scène un homme déguisé en tigre. Rien d’étonnant, puisqu’on est en plein Carnaval. Le tigre sonne à la porte de la demeure luxueuse du chirurgien. La servante, qui est en réalité sa mère, hésite à le faire entrer car c’est un mauvais garçon qui vient de commettre un larcin. Et ce tigre se rend vite compte que dans cette maison, il se passe quelque chose de louche. Il remarque dans la cuisine des écrans de contrôles. A l’image, le cobaye en train de sculpter. Il est stupéfait car il croît reconnaître une fille morte quelques années plutôt, en fait sa nièce, la fille du chirurgien. Et oui, le tigre et le docteur sont deux  frères! Et l’incruste continue, vire au tragique. On s’ennuie devant une succession de scènes qui ne font qu’épaissir une sauce qui demandait plutôt à être diluée. C’est vrai qu’on a un peu de peine à s’y retrouver. On se demande où Almodovar veut nous emmener. On se laisse porter par les évènements. On n’a pas le choix et c’est comme ça qu’on sort un peu du film lorsqu’enfin, à mi parcours, Almodovar , par le truchement d’un flash back nous donne toutes les clés de compréhension.  


Et d’un film mélodramatique lorgnant sur la science fiction à cause de son sujet, on vire au thriller tragique. L’atmosphère change. Même si l’image est toujours aussi belle, le poisseux s’invite. Il reprend les codes du film noir et les emballe dans une couleur formidable. A un moment donné, on en vient à se dire qu’il va franchir la ligne et réaliser un épisode de la franchise SAW avec un jeune homme enchainé dans une cave. On ne sait pas quel sort le chirurgien peut lui réserver. On craint le pire, et c’est malheureusement quand le film démarre enfin qu’il est sur le point de se terminer! C’est trop bête!!! Même si le métrage se finit en apothéose avec une scène de pure comédie joyeuse malgré le trouble d’une situation bien tragique celle-ci, on reste sur notre faim. On se prend à avoir quelques regrets, à cause d’un  déséquilibre certain.  LA PIEL QUE HABITO, de Pedro almodovar, un film ravissant, mais ce n’est pas suffisant pour conquérir un jury, quoique… je me dis qu’il pourrait figurer au palmarès avec un prix d’interprétation pour Antonio Banderas qui incarne à merveille ce chirurgien sans scrupule.


 

 

 

MELANCHOLIA

 

 

 

MELANCHOLIA de Lars Von Trier met en scène Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg et Jack Bauer alias Kiether Suterland qui n’empêchera pas la fin du monde… un film où tout le monde meurt à la fin ce qui fait dire à Lars Von Trier que pour une fois, il y une fin heureuse dans un de ses films! MELANCHOLIA est en deux parties et demi. Il commence comme Antichrist au ralenti, avec une succession de plans fixes sublimes dans un jeu de lumières magnifiques, ambiance crépusculaire, sombre avec des couleurs pâles mais très belles. C’est tout le romantisme allemand résumé en quelques minutes. Dans la cour d'un château, des oiseaux tombent du ciel, des personnages s'écroulent, un cheval tombe, une planète vient d'entrer en contact avec la terre. Séquence sublime au son d’une musique classique qui vous prend aux tripes. Après un fondu au noir, on plonge dans JUSTINE 1ère partie. Il y aura ensuite CLAIRE 2ème partie.

 

 

Justine est la mariée. A bord d'une limousine avec son époux, ils tentent de rejoindre le château. La route est en lacet et trop étroite pour réussir une quelconque manœuvre. Et voila que Lars Von Trier se révèle en roi du gag. La scène cocasse provoque effectivement l'hilarité. Les mariés arrivent avec 2 heures de retard à leur repas de noce. Claire la soeur de Justine les accueille froidement. Elle a tout préparé et est dégoutée de l'attitude de Justine qui semble n'en n'avoir rien à fiche de son mariage.

Tourné camera à l'épaule, Von Trier filme désormais la soirée où la mariée est absente malgré sa présence. Sa mère, Charlotte Rampling est également révulsée par ce mariage, une mascarade, un foutage de gueule. Son discours ne laisse aucune ambigüité sur l’union sacrée : c’est boule shit et compagnie ! Plus tard au moment crucial où les mariés doivent couper le Gateau cette mère s'est réfugiée dans sa chambre pour prendre un bain. On vient la chercher et la remarque fuse : Je n'étais pas là quand elle a fait sa première crotte. Je n'étais pas là pour sa première relation sexuelle. Alors si je ne suis pas là quand elle coupera son gâteau ce n'est pas grave. Vous me faites chier avec vos rituels a la con! Excellente Charlotte Rampling dont on pourra regretter la discrétion de son personnage. Plus de Rampling aurait été bien vu. 

 

 

Pendant ce temps, la mariée de plus en plus otage de son spleen s'est elle aussi retirée pour se prendre un bain. Le mariage fastueux vire au fiasco. On sent que la Melancholia guette tous les invites. Dans la seconde partie du film, le rythme et le ton comique s'évanouissent d’un seul coup. C'est la gueule de bois après la fête râtée où des comptes se sont réglés. On attend la fin du monde et chacun de s'y préparer à sa façon en essayant d'y échapper mue par l'énergie du désespoir, en réalisant un dernier geste de bonté comme construire une cabane magique avec son neveu ou simplement en se suicidant. 

 

 

MELANCHOLIA un excellent Lars Von Trier qui prône la défaite de l’optimisme, un film dévoilé ce matin en compétition, un film où Von Trier le narcissique assène cette certitude qui l’habite : nous sommes seul au monde… il est seul aussi dans le dossier de presse. Y a pas d’autres noms que le sien. C’est dire l’égo du Danois… N’empêche que si comme il le prétend, aucune forme de vie n'existe ailleurs que sur terre, on doit se résoudre à l'idée que l'on devrait en profiter car cela ne va pas durer très longtemps. 

 

 

 

 

 

 

LA CONQUETE

 

 

 

LA CONQUETE de Durringer avec Podalydes en Sarkozy, plutôt pas mal… un bon téléfilm léger, drôle avec des répliques qui font mouche du style quand Sarko branche une minette et dit que les hommes politiques sont tous des bêtes de sexe… A Cannes, il y a Sarko dans la conquete… A NY dans la quéquette il y a DS Kanne si je puis dire! N’empêche que le film montre un arrogant pédant, qui ne doute de rien et veut écraser tout le monde, qui joue de son image avec les médias traités comme des abrutis dans le film, donc un type prêt à tout pour atteindre la plus haute marche du podium et qui va y arriver grâce à une femme, Cécilia….  On y voit aussi Villepin et Chirac observer l’ascension du roquet sans pouvoir le faire trébucher. LA CONQUETE, un film anecdotique, où les vrais problèmes sont écartés, notamment tout ce qui concerne le financement de sa campagne avec des fonds occultes, venus peut-être de chez kadafi et autre rotariclub des dictateurs africains… Y a rien là dessus. Ça on n’en parle pas, on préfère rester en surface pour assurer un peu de comédie…. C’était le téléfilm de 11h30, celui qui sort aujourd’hui en Salle.

 

 

 

 

 

 

HORS SATAN

 

 

 

Dire en préambule qu'il ne faut pas vous laisser abuser par le titre car Bruno Dumont n'en a rien à cirer des délires mystiques à la Malick. Dieu, le diable, sa queue et toutes ces conneries ne trouvent aucune grâce a ses yeux ! Alors pourquoi ce titre? Parce qu'il fallait bien en trouver un qui soit accrocheur et accessoirement parce qu'il sera question du bien et du mal dans ce nouveau long métrage présenté dans Un Certain Regard, la section qui réunit les films d'auteurs! HORS SATAN a toute sa place dans cette section. 

 

 

Ici Bruno Dumont se penche au chevet d'un type énigmatique dans une région de bord de mer avec ses dunes et ses grandes étendues de verdure. La nature et les corps qui évoluent au milieu de cette nature, voila ce qui passionne Dumont. Pour le coup le film part sur les chapeaux de roue à 2 à l’heure alors que l'on suit un type en godillots, jean’s, blouson et pullover marcher à travers champ ou au bord d'une route. Cette entame radicale dure bien dans les 10 minutes, 10 minutes sans un dialogue, 10 minutes à contempler ce mec de dos, de face, de profil. On le suit ainsi jusqu'à ce qu'il retrouve une jeune fille en pleure devant une ferme. « J'en peux plus », lui dit-elle en essuyant ses larmes. « Et bien tu sais ce qu'il reste à faire », répond-il : se taper 10 minutes de film sur le même mode où les deux partent à la recherche d'un fusil planqué dans un phare. A cet égard, avant d’atteindre leur destination, alors que les 2 êtres perdus dans un plan ultra large semblent immobiles, on ne peut que rester baba devant la profondeur de champ de cette image et c’est pile au moment où l’œil s’arrête sur un phare au loin que Bruno Dumont donne un coup de sécateur et impose justement derrière ce plan, un nouveau plan fixe où les deux personnages marchent devant ce phare ! Une fois leur fusil en main, le couple rebrousse chemin, retourne à la ferme et bute le père de la demoiselle. Il y avait certainement de l'inceste, voire du viol dans l'air, une constante dans le cinéma de Bruno Dumont. Y a toujours au moins un viol.

 

 

La mère attristée par ce crime comprend que sa fille a quelque chose à voir avec et s'excuse pour tout le mal que ce père lui a fait. Pas d’erreur, il a mérité son châtiment. Le film peut se terminer là, pensez-vous? Pas question. Il y a encore de la pellicule à imprimer, des kilomètres pour voir ces personnages marcher, prier et un peu chahuter. La fille aimerait tellement s'offrir à son chevalier servant mais il refuse catégoriquement ses avances. On comprendra plus tard qu'il vaut mieux pour elle ne pas s'accoupler avec cette bête curieuse. En effet bien plus loin il aura l'occasion de baiser avec une inconnue de passage. La scène se conclura normalement par une éjaculation et la fille de presque mourir étouffée car le sperme est remonté du vagin a travers tout son corps pour ressortir par sa bouche!  C'est du délire pur et simple. Entre temps le type aura exorcisé une gamine, tabassé un garde forestier collant de trop prêt sa copine et tué une biche avec sa carabine alors qu'il visait un oiseau en vol stationnaire. Ce film assez incompréhensible se compose uniquement de plans fixes qui s'étirent jusqu'à l'indigestion. Quand on ne voit pas les personnages rentrer et sortir du champ pendant des plombes, on a droit à des gros plans sur des visages, le temps que les comédiens miment toutes sortes d'émotions comme la peur, la panique, la joie... Du Bruno Dumont dans toute sa splendeur. La Bonne nouvelle c'est que HORS SATAN dure 1h50 alors qu'à l'origine, il devait s'éterniser une heure de plus! 

 

 

 

L'APOLLONIDE

 

 

 

Apollonide, souvenir de la maison close de Bonello, la déception du WE en compétition. L’univers d’une maison close au début du siècle dernier avec les rapports entre ses dames. On reste dans ce milieu cloitré et un jour, un dingue vient retailler le visage d’une d’entre elles. Pas facile évidemment de vivre ensuite avec la gueule du joker. Même si Batman n’est pas client de ses demoiselles, on démasquera tout de même le coupable… un film sur le mode c’était mieux avant, oui, c’était mieux avant quand il y avait MAISON CLOSE, la série sur Canal+… Si sur le fond, le film prone à juste titre le retour des maisons close en France, sur la forme, malgré une image hyper lêchée si je puis dire, ben après une demi heure, après avoir fait le tour du propriétaire, le film devient mou.

 

 

 

 

 

LE HAVRE

 

 

 

Vu en compétition le film de Aki Kaurasmaki, LE HAVRE avec André Wilms, Kati Outinen, Jean-Pierre Darroussin et Blondin Miguel, avec accessoirement Pierre Etaix en docteur, Jean Pierre Léaud en dénonciateur et Little Bob dans son rôle, celui du bluesman français. Casting impeccable pour film impeccable. Ici, Kaurismaki s’empare d’un thème moderne, bien dans l'air du temps: la clandestinité et la chasse aux immigrés de couleur. Et il le traite en mode comédie décalée. Le décalage provient essentiellement des lieux, des décors, des objets qui rappellent la France d'autrefois, celle où l'on chassait du juif, celle où l'on collaborait en dénonçant son voisin, celle où au sein de la police des flics plus humains que les autres retardaient les arrestations, celles où les résistants se serraient les coudes et bravaient tous les dangers, prenaient tous les risques pour venir en aide à des inconnus, celle plus récente où l’on roulait en R16, où l’on clopait autour d’un verre de blanc accoudé à son zinc.

 

 

A travers les décors, les costumes, les objets, Kaurismaki raconte la France de Vichy jusqu'à celle des années 80. Dans cette ville du Havre, citée portuaire avec ses quartiers miséreux, la ville du blues par excellence, il convoque des personnages sortis tout droit des films de Bresson, Becker, Melville, Tati, Carné ou Clair. Le commissaire Monnet tout de noir vêtu du chapeau à l’imper, rappelle ces officiers de la Gestapo. On croise ici Arletty, c’est le prénom de la femme de Marcel Marx, le héros ! Marx vit dans un quartier à l’atmosphère tranquille où l'épicier et la boulangère du coin semblent être resté coincé dans les années 50. Idem pour le bistrot avec son juke box et ses tables en formica ! Il est vieillot malgré son nom : Le Moderne !

 

 

Marcel Marx est cireur de chaussures ambulant. C’est son métier, à m’sieur Marx; un nom là encore pas anodin. Ce personnage a du cœur. Il est insouciant et prêt a soulever des montagnes pour voler au secours d’un enfant clandestin, n'hésitant pas a partager son toît et le peu qu'il possède avec celui qui n'a rien. Kaurismaki redonne une leçon d'histoire a ceux qui auraient oublié que le marxisme a du bon et s'appuie sur des valeurs saines comme la solidarité et le partage des richesses. C’est ainsi que Marx vient en aide de Idrissa arrivé par bateau en France et échoué dans ce port du Havre. Il doit rejoindre sa mère à Londres. Mais comment faire ? C’est le problème de Marx, Marx qui voit en même temps sa femme être hospitalisée sans doute parce qu’elle a choppé un cancer. On ne sait pas et on ne le saura jamais. Qu’importe, Marx est trop occupé à sauver Idrissa, et surtout à jouer au chat et à la souris avec le commissaire qui l’a à l’œil. Avec une telle détermination, sûr que Marx trouvera le moyen de faire traverser la manche à cet enfant.
 

 

LE HAVRE, une comédie hilarante qui s’appuie donc sur le décalage permanent, y compris dans la direction d’acteurs. Le jeu théâtral à l’extrême pourrait parfois nous faire croire qu’on regarde un film de Rohmer. En fait, Aki Kaurismaki ne cherche pas le réalisme. Au contraire, pour mettre en forme sa fable optimiste, il fabrique la réalité et tient à ce que cela se voit, comme pour dire au spectateur que l'on vit aujourd'hui dans un monde où nos rapports avec autrui sont préfabriqués. Rien n'en semble vrai dans ce monde dupe. Triste constat qui passe comme une lettre à la poste grâce à la magie des dialogues et vous voilà surpris sur le fait en train de rire aux éclats comme quand un ami de Marx, chinois d’après ses papiers d’identités français, lui rappelle qu’il n’a rien de chinois, qu’en Méditerranée, on pêche plus de faux actes de naissance que de poissons. Magie aussi du burlesque ! Dès le début du film, deux cireurs de chaussures attendent à la gare du Havre. Le truc, c'est qu'aujourd'hui tout le monde porte des baskets! Allez cirer des baskets! Par chance un client s'arrête enfin mais il a l'air louche avec sa mallette attachée au poigné.

En plus un type l'observe au loin. Le gars paye les deux cireurs et hors champ, on entend qu’il se fait buter. La mort de ce métier désuet qu’est le cireur de chaussures est ainsi mise en scène avec la mort du dernier client. Les cireurs décident de se barrer le plus vite possible, d’autant que le gars les a payé, donc il n’y a pas de quoi attendre la police. Elle pourrait encore les accuser de ce meurtre! Avec la police, on ne sait jamais ! Avec LE HAVRE, Aki Kaurismali signe LE film parfait de cette compétition cannoise, celui qui allie le fond à la forme, intelligent et drôle, en un mot, un film subtile qui fait du bien.

 

 

 

 

 

SNOWTOWN

 

 

 

En début de Festival, je vous parlais de deux films, WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN et MICHAEL, présentés en compétition, le premier traitant de la monstruosité ou comment on devient un dangereux tueur et le second ,traitant de l’homme charmant et banal qui dissimule un pédophile…. Et bien voici qu’à la semaine de la critique, je suis tombé sur SNOWTOWN que l’on aurait pu rebaptiser WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN WITH MICHEAL. Oui, SWNOWTOWN est un mix des deux sujets, l’esthétique en moins. Ici, l’australien Justin Kurzel opte pour une image crade à gros grain, idéalle pour raconter l’histoire du plus grand tueur en série que l’Australie n’ait jamais connu. D’entrée de jeu, vous êtes catapulté dans un quartier populaire, misérable, dans une banlieue pas chic d’une ville moyenne Australienne. Là, vit une femme seule, avec ses 3 enfants. Son voisin d’en face, un type charmant, va dérailler. Un soir qu’il joue les nourrices car cette maman a dû s’absenter, il va violer les 3 gamins de 8, 12 et 16 ans ! Les momes ne diront rien. C’est une parodie de tarelouze, fringuée comme une gonzesse avec mini short rose et marcel à fleur qui balance tout à la mère. Ni une, ni deux, elle se rend chez le voisin et le dérouille.

 

 

Et le truc, c’est que ça ne va pas s’arranger pour Jamie, le garçon de 16 ans violé au début qui va encore subir les assauts d’un autre homme, en l’occurrence son plus grand frère Troy. Partagé entre l’idée de protéger son frangin et une envie de se venger, John Bunting va sentir le trouble et bientôt il va enseigner à Jamie l’atr de la violence, du crime odieux. Pendant plusieurs années, ils vont découper des mecs, des femmes dans leur baignoire… 

La violence crue, brute, affrontée directement et sans détour, c’est ce que propose Justin Kurzel, avec SNOWTOWN son 1er long métrage présenté en compétition à la Semaine de la Critique.

 

 

 

 

 

C’est alors que John Bunting entre dans sa vie. Le petit barbu trapu n’aime pas les pédophiles. Il n’aime pas les drogués. Il n’aime pas ces hommes et ces femmes aussi trop proches de leurs enfants. Il n’aime pas les kangourous aussi. Par contre, il aime les tuer, les découper, en faire de la charpie et les balancer sur la devanture de la maison du pédophile du début. Oui, il est cool, mais ultra violent.

Régulièrement, il organise des petites réunions avec des gens du quartier pour choisir une cible et définir si on doit enfoncer des allumettes dans le gland de la bite d’un déviant, ou  lui exploser le cul en lui fourrant un pétard pirate dans l’anus… C’est cru, c’est violent, ça choque le spectateur mais pas les gens qui dans le film participent à ces petites réunions Tupperware….

 

 

 

ET MAINTENANT ON VA OU ?

 

 

 

Pour son deuxième film, Nadine Labaki signe une
excellente comédie dramatique, intelligente, émouvante et drôle à la foi, autant dire un objet rare.
Avec cet ET MAITENANT ON VA OU?, elle tape sur la religion. Dans un bled de montagne, isolé et non identifié, cerné par les mines anti-personnel, des musulmans et des chrétiens vivent en harmonie et dans le respect mutuel. Pour se ravitailler, ils ne peuvent compter que sur deux gamins qui partent à la ville en Vespa et doivent braver tous les dangers pour éviter de sauter sur un engin explosif. Tous les jours, ils partent faire les commissions des musulmans, comme des chrétiens. Et oui, la cohabitation se passe plutôt bien entre les communautés. Mais cette paix précaire est menacée. A la radion on annonce un nouveau conflit dans un village voisin. Les femmes qui en ont marre d'enterrer leurs enfants et leurs maris, prennent les choses en main pour éviter aux hommes du village de s’entretuer à nouveau.

 

Elles commencent par dissimuler l'info mais bientôt la rumeur circule. Alors, elles décident de débaucher des danseuses ukrainiennes tendance aguicheuses pour divertir leurs hommes. Au moins, en contemplant ces blondes exotiques, ils ne penseront pas à se mettre sur la tronche ! Et ça marche, tout du moins, pendant  quelques jours! Les rancœurs sont tellement fortes, pour ne pas dire viscérales que l’affrontement semble inévitable et ce, malgré l’appel à la paix du curé et de l’Imam du village. Désespérés, ces deux là s'unissent pour soutenir l’action des femmes, mêmes s’ils doivent faire quelques entorses à leur religion…

 

 

Mais la tension monte encore d’un cran lorsqu’on se rend compte que la croix de l'église a été cassée en 2. Les chrétiens laissent alors entrer des chèvres dans la mosquée pour la souiller, puis volent les grolles des musulmans pendant leur prière. Pour tenter de calmer le jeu, la femme du Maire mime l’apparition de la vierge. Ça aurait pu marcher, seulement il ne fallait pas traiter certains hommes de gros cons ! Dans l’assistance, les hommes, musulmans comme chrétiens ne sont pas dupes. On imagine mal la vierge Marie insulter un homme de gros con. Au terme de cette tentative qui échoue, les femmes toujours unies avec la bénédiction du curé et de l’imam n'auront d'autre choix que de mitonner des space cake au shit et à l'aspirine pour endormir tout le monde et en profiter pour dérober les armes de ces messieurs et les planquer. Et si ça se trouve, ce ne sera toujours pas suffisant ! ET MAINTENANT ON VA OU ?, une comédie un peu musicale par instant, un film en tout cas hilarant, réussi sur un thème pas évident. C'est extrêmement bien écrit, bien réalisé, bien mis en scène. Certes si l’humour tient la vedette dans ce film, Nadine Labaki sait aussi injecter du drame au bon moment pour que le spectateur n’oublie jamais que la guerre, ça fait des morts ! Mais, même en pleine tragédie, elle ne peut pas s’empêcher de glisser un soupçon de burlesque et ça fait mouche. Les gags, nombreux, fonctionnent terriblement bien dans ce film qui lorgne un peu sur  Romeo et Juliette. ET MAINTENANT ON VA OU ? est un appel qui vient du cœur, appel d’une réalisatrice libanaise devenue récemment maman, une jeune mère qui voudrait que son enfant vive dans un monde en paix. La cohabitation entre communautés religieuses doit être possible. Il faut tout faire pour y parvenir mais malheureusement aujourd’hui, seules les femmes semblent avoir la
volonté d’y parvenir. C’est le message de ce film.


 

 

 

TREE OF LIFE

 

 

 

Le moins que l’on puisse penser, c’est que Terrence Malick s’est fait plaisir. Pas sur qu’il fasse plaisir au public lorsque son film, tant attendu sortira au cinéma. Pour preuve, ce matin, j’ai pu le voir, non pas au Théâtre Lumière qui réunit essentiellement les journalistes mais à la salle du 60ème. Tous les ans, c’est la même chose. L’histoire se répète à Cannes, pour les ténors de la compète, la grande salle est prise d’assaut et on ouvre en catimini à titre exceptionnel, une autre salle, plus petite.

Et si c’était une bonne chose finalement de le voir dans cette seconde salle, ben c’est parce qu’elle était aux 4/5ème remplie de gens, des vrais, ceux qui payent leur tickets. Il y en a ici à Cannes. Contrairement à ce que l’on pense, le public, s’il parvient à dégotter des invitations, peut gouter au plaisir d’assister à certaines projections. Ce fut le cas ce matin pour TREE OF LIFE, film que le public a mollement accueilli, et encore… pas plus d’une vingtaine de personnes ont applaudi à la fin, sur une salle de 1000 places au bas mot, ça fait peu… Il paraît selon les dire de mes collègues que l’accueille de la presse fut un peu plus mitigé entre applaudissements et huées. Alors qu’est-ce qui a déplu au spectateur lambda et à certains journalistes ? qu’est-ce qui ravira le journaliste spécialisé convaincu que quoique fasse Mallick ce sera de toute façon génial? C’est ce que je vais tenter de vous expliquer. Tout d’abord, la forme loin de toute linéarité. Il n’y a pas vraiment de début, un semblant de millieu et tout de même une fin. On sort des schémas classiques ultra balisés. Il y a ensuite des images somptueuses. Ce film est une symphonie visuelle. Pour ce qui concerne le fond, TREE OF LIFE est en fait une démonstration que si Dieu existe, il est difficile de continuer à croire en lui.

 

 

En fait, d’entrée, Terrence Mallick oppose la nature à la grâce. Il est plus facile d’aimer et de respecter la nature. Elle est belle, douce, agréable, sensible, aimante d’une certaine manière. Elle a des atouts que la grâce ne possède pas. La grâce part avec un handicape sévère : elle est impalpable, invisible. Elle est en plus mesquine, instable, pas fiable et pourtant, il faut lui faire confiance. Mais c’est compliqué. Au moindre coup foireux, on peut lui tourner le dos en un rien de temps. On peut aussi ne jamais se soucier de son existence. Et pour appuyer sa démonstration, Terrence Mallick de montrer une famille américaine type dans les années 60 avec le père, la mère et les 3 enfants. La symbolique est évidente. La femme représente Mère nature dans tout ce qu’elle peut avoir de splendide. L’homme est bien évidemment Dieu le Père. D’ailleurs, il reprend souvent ses enfants. Ne m’appelez pas papa, mais père… Oui monsieur répondent-ils. Les enfants ce sont évidemment nous, pauvre pêcheurs, pèlerins égarés qui devons apprendre à respecter la grâce divine plutôt que nous laisser éblouir par la beauté de la nature et le matérialisme d’une certaine manière. Bien sur que ce père est rude. Il éduque ses enfants à la dure, comme cela se pratiquait dans les années 60. Il montre le chemin ou tente de le montrer à ses progénitures. Il n’hésite pas à se faire détester s’il le faut, pour mieux se faire aimer ensuite. Et lorsqu’un drame frappe cette famille, avec la mort soudaine d’un des enfants, les brebis s’égarent. Le plus grand de ses fils rejette Dieu le père, invoque sa mort, crie sa haine et rappelle que seule sa mère compte à ses yeux. Sa mère, la nature n’aime que lui, dit-il…

 

 

Alors évidemment que le délire mystique en a assommé plus d’un ! Faut dire qu’il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Quand on est athée, donc du côté de la nature, on est obligé de se laisser uniquement porter par la symphonie visuelle  concoctée par Mallick. Il y a des plans remarquables, des images dont on ne sait même pas où il est allé les filmer, comment il les a fabriqués. Je pense à l’évolution sur Terre depuis l’apparition du premier poisson jusqu’à la disparition des dinosaures à cause d’une météorite qui frappe la planète. On navigue alors pendant 15 bonnes minutes entre le monde du silence cher à Cousteau et celui de 2001 cher à Kubrick. Entre le cosmos et la planète Terre, on revient au Jurassic Park cher à Spielberg cette fois. Bref, cette succession de plans est remarquable. L’histoire qui se déroule dans les années 60 aussi. Il faut ici souligner l’interprétation de Brad Pitt, un type droit dans ses bottes, qui a une théorie une seule : dans la vie, il ne faut pas être gentil. Les gentils se font couillonner. Il faut être rusé car la vie demande de la ruse pour s’en sortir.il faut être parfois mêchant. Ce message, Dieu le Père l’assène régulièrement. D’un mot sur Jessica Chastain, mère nature… une superbe créature. Ceci dit, je la trouve meilleure actrice dans TAKE SHELTER.

 

 

Quant à Sean Penn, il apparaît dans le monde d’aujourd’hui. Il travaille dans un gratte ciel. On voit alors ce qu’est devenu la civilisation. Ni la nature, ni Dieu n’ont remporté les suffrages. Le matérialisme semble avoir pris le pas, à moins que l’éducation de son père, car Sean Penn est le fils de Brad Pitt, ait enfin porté ses fruits et que celui qui refusait autrefois l’autorité de ce Dieu le père dans les années 60 ait compris qu’il fallait se tourner vers lui pour continuer à exister et se sentir en vie. Il a une révélation alors qu’il ouvre les portes du Paradis et revoit ceux qui ont compté dans sa vie dans les années 60, visiblement des êtres aujourd’hui disparus…

 

 

 

 

 

TAKE SHELTER

 

 

 

Dévoilé à la Semaine de la Critique, le nouveau film de Jeff Nichols TAKE SHELTER. Rappelons qu'il y a 3 ans, il avait surpris son monde avec SHORTGUN STORIES, film tout en plans fixes sur le thème de la vengeance avec une réelle tension justement imprimée grâce à une certaine immobilité. Bref, Jeff Nichols est un Australien à suivre. Voilà ce qu'on se disait à l'époque ! Alors forcément, lorsque TAKE SHELTER fût annoncé en compétition à la Semaine de la Critique, on l'a suivi ! Quoi de plus angoissant qu'une grosse tempête? Surtout quand on habite en Australie. Elles n'ont rien à voir avec nos ridicules orages de grêle.  Dans le cas de truc muche, cette peur vire carément à la crise d'angoisse pour ne pas dire a la paranoïa aiguë. Marié, père d'une adorable petite fille sourde, il travaille sur des chantiers. Dés le début du film on ressent son angoisse. Le ciel est menaçant et puis il voit en rêve des choses terribles comme des éclaires qui fendent le ciel, des gouttes de pluie brunes, des tornades en formation ou des oiseaux tout droit sortis d'un film d'Hitchcock. Et plus son délire s'accentue plus ses cauchemars virent au fantastique dans le sens où en plein déluge des hommes en veulent à sa vie et à celle de sa fille. 
 

 

Régulièrement il se réveille en sursaut, en sueur ou avec une flaque de pisse qui inonde son lit. Progressivement aussi il est pris d'hallucinations en pleine journée. Bientôt sa femme mais aussi son collègue de travail, remarquent que son comportement devient étrange. Pourquoi décide t-il par exemple de construire un enclos dans le jardin pour y installer son innoffensif berger allemand? Parce qu'il a rêvé que la bestiole lui dévorait l'avant bras. Le rêve semblait tellement réel qu'à son réveil il ressentait la douleur. C'est dans un excès de folie tout aussi intense qu'il décide de s'endetter pour construire un abris anti tempête avec l'eau courante les toilettes la lumière les masques à gaz et les boîtes de conserves en pagaille pour se nourrir. Pas d'erreur il devient fou. C'est ce que tout le monde croit à commencer par lui. Il va d'ailleurs lire des bouquins sur la schizophrénie avant d'aller consulter une psy qui ne peut rien lui proposer de mieux que de l'écoute et quelques pilules. Et si, comme sa mère, il sombrait peu a peu dans une folie délirante?  Cette dernière alors qu'il n'avait que 10 ans l'a abandonné sur le parking d'un supermarché dans la voiture. On l'a retrouvé 8 jours plus tard dans une autre ville en train de manger des ordures dans des poubelles. Depuis elle est internée dans un institut spécialisé. Peut-être que la folie est héréditaire! A moins que ces délires n'ait une autre origine ...
 

 

Image hyper lêchée, Take Shelter est un veritable drame qui flirt avec le fantastique. Il y a de quoi se faire une ou deux frayeurs. On se prend surtout d'agression pour cet homme. L'empathie fonctionne à plein régime car on veut croire qu'il n'est pas dingue. Visuellement sublime, le Realisateur soigne ses éclairages. Certains plans d'avant tempête sont d'une pure beauté.  Si l'on devait mettre un bémol, ce serait sur une scène de trop quelques minutes avant le dénouement. La fin est en effet gâchée à cause d'un twist, d'un rebondissement maladroit mais on pardonne volontiers cette faute de goût tant tout ce qui précède est d'une qualité de mise en scène juste formidable. 


 

 

 

MICHAEL

 

 

 

La banalisation du pédophile, tel est le thème de ce film autrichien. Pas de demi mesure où l'on rejette ou on adhère au point de vue du cinéaste. Ici il met tout en œuvre pour montrer que derrière la simplicité, la normalité apparente d'un homme comme les autres, bon collègue de travail, bon voisin peut se dissimuler la pire des bêtes. Certes il est un peu associal mais ce qui dérange le plus c'est de voir toutes nos idées reçues voler en éclat. Un pédophile kidnappeur d'enfants peut très bien faire preuve d'attention pour lui. N'y voyez pas de sentiment bienveillant de la part du cinéaste a l'égard d'un tel démon mais c'est juste qu'il presente l'homme que l'on pourrait croire bon quand on le voit faire preuve d'attention pour cet enfant, il ne faut jamais perdre de vue que cette bienveillance de façade n'embrasse qu'un objectif:  il cherche a préserver cet enfant comme il veillerait à conserver en excellent état son jouet préféré. Le jour ou celui-ci donnera des signes de fatigue il suffira de creuser un trou dans la forêt pour s'en débarrasser et d'aller faire son marché à la piste de karting du coin pour attirer tout en douceur une prochaine victime. La douceur la prévenance, les moments de partage en surface, les petitrs attentions font partie du quotidien de cet humain inhumain. Pas d'images explicites.  Voilà sans doute d'où provient le trouble. On aimerait pour se rassurer pouvoir se raccrocher à des scènes qui piquent les yeux pour détester définitivement cet homme. Rien. Ce n'est pas le propos du cinéaste. Attention il ne cherche pas non plus à le rendre sympathique ce qui deviendrait abject et indéfendable.  Non un type en apparence. Normal qui part au ski avec des amis et en profite pour baiser dans un consentement mutuel la serveuse d'un bar, de quoi provoquer le dégoût de ses amis. Un gars qui joue tellement normalement la comédie que sa soeur sa mère ne peuvent se douter de rien. Un gars à qui vous pourriez rendre n'importe quel service mais attention a ne pas pénétrer dans son antre sous peine de le voir pêter les plombs.

 

Le film tout en plan fixe au début plante le caractère parfaitement rigide et droit de cet animal. Il faut attendre quelques dérèglements dans son quotidien pour que la camera bouge et le suive enfin. La lenteur du rythme oblige le spectateur a adopter le rythme du personnage lent, consciencieux. Cette lenteur donne tout le temps de se questionner sur ce type. Voilà d'où n'ait le trouble. On ne devrait pas se poser de question. On devrait juger ce gars et le condamner mais a aucun moment le dispositif filmique et narratif ne le permet c'est la que le film tire sa véritable force, dans le fait qu'il souligne que le pedohile est un être tellement complexe qu'il en devient extrêmement difficile a débusquer. N'oublions pas que si le bourreau de Natacha Kampuch avait pris l'apparence d'un démon, elle ne serait pas restée toutes ses années au fond de sa cave a l'instar de MICHAEL le héros malheureux de ce long métrage qui pourrait, qui devrait obtenir la palme d'or. Pour que le monde ouvre enfin les yeux sur l'horreur qui se masque parfois derrière la normalité. 

 

 

 

 

 

17 FILLES

 

 

 

Il y a quelques années aux Etats-Unis 17 adolescentes fréquentant le même collège ont décide de tomber enceintes. Ce Troublant et énigmatique fait divers a titillé les deux réalisateurs qui se sont donc emparré de cette histoire en la transposant dans la ville de Lorient. Ville portuaire frappée par la crise. Tout commence dans la file d'attente d'un couloir de l'infirmerie de l'école. Les filles chahutent entres elles. Lorsque Camille passe devant l'infirmière elle annonce qu'elle est enceinte. Camille ne sait pas encore si elle doit garder cet enfant. Élevée par sa mère, cette dernière n'arrive pas a la raisonner. Toi qui voulais ne pas avoir une vie de merde te voilà servie. Tu as gagné ma fille. Fini les études et bienvenue dans la vraie vie et Camille de répliquer : au moins moi je passerai du temps avec mon enfant je l'aimerai pas comme toi. Au collège, la rumeur se répend et bientôt Camille se rend compte qu'elle va changer de vie et se retrouver toute seule, sans ses copines.  C'est ainsi qu'elle lance cette idée à ses meilleures copines que ce serait cool d'avoir un peu de liberté. De quitter le joug de l'autorité parentalle. Un bébé C'est la solution et voilà que les gamines se mettent a échafauder des combines a tirer des plans sur la comète. De 5 on passe très vite a 15 puis a 17 filles qui sont enceintes. Panique dans le corps enseignant et chez les parents. Personne ne comprend on se dit même que c'est un acte militant alors que pas du tout. Quoique, Camille clame qu'elle veut changer le monde et que c'est un moyen comme un autre d'essayer. Tout ce qu'elle et ses copines vont changer, c'est juste le cours de leur vie ! 
 


 


Ce film qui s'appuie sur un casting très homogène avec de vraies filles enceintes pour certaines.  L'adolescence est bien croquée avec ses rêves ses utopies ses contradiction son énergie dévastatrice. Rien ne peut empêcher une fille de poursuivre son but. On pénètre dans le cercle intime des conversations de jeunes filles. Le rêve de tout garçon. 
 

 

Il y a les convaincues celles qui le font juste pour entrer dans le cercle. Il y a les parents cools et les moins cools. Les garçons sont les absents. On n'en voit qu'un le petit ami de Camille parce que lui va sortir avec une copine de Camille et la mettre en cloque a son tour. La rivalité amoureuse le papillonnage et l'illusion de vivre une vie meilleure voilà ce qui les guide. Belle réal classique. Gros plan sur les corps, les peaux. Plans fixes sur ces filles seules dans leur chambre d'enfant.

 

 

 

 

THE ARTIST

 

 

 

Michel Hazanavicius est fan de cinéma muet et ça ne date pas d’aujourd’hui. Il a toujours voué un culte aux Hitchcock, Lang, Ford, Lubitsch, des réalisateurs qui ont tous commencé par le muet avant de prendre le virage de la révolution du parlant. Depuis toujours donc, Michel Hazanavicius rêvait de faire un film émotionnel, sensoriel, sans passer par le texte. Il voulait diriger des acteurs exprimant des sentiments en allant à l’essentiel, en s’appuyant uniquement sur des sensations que l’on crée sur un plateau de tournage. Autant dire que pour un metteur en scène, voilà qui est passionnant à travailler. Et le fantasme de devenir réalité, fantasme car à chaque fois qu’il parlait de son envie de faire aujourd’hui un film muet en noir blanc, alors que la 3D nous envahit, il ne recevait que des échos amusés. En clair, tout le monde se payait sa tête ! Mais Michel Hazanavicius est un type tellement entêté, tellement chanceux aussi d’avoir cartonné avec OSS 117, qu’on a fini par le prendre au sérieux, surtout le producteur Thomas Langmann. Gaffe tout de même, le bide olympique du dernier Astérix, c’est lui!  Mais il faut rendre à Langmann ce qui appartient à Langmann, une belle paire de coucougnes. Notez qu’avec Hazanavicius aux commandes, le producteur était quasiment certain d’avoir le nom de Jean Dujardin sur l’affiche, de quoi affoler le box office! Il se trouve que Jean Dujardin est sans doute l’acteur le plus doué de sa génération et pas mal classé dans le rang des bankable. Avec son charisme et son sourire ulttra brite, Jean Dujardin, taillé pour le burlesque, a évidemment sauté sur la proposition que Hazavanicius lui faisait d’incarner une star du cinéma muet. Et pour parfaire le tableau, Bérénice Béjo, sa partenaire sur OSS 117, avec son glamour naturel, a également accepté cette proposition complètement dingue, de jouer dans un film où l’on s’amuse avec les codes. Oui, THE ARTIST n’est pas un pastiche. C’est un film muet en noir blanc, un vrai, à prendre au premier degré avec une histoire d’amour qui se déroule dans les années 20 à Hollywood.

 

 

Georges Valentin est une vedette du muet. Tout le monde l’adore. Marié à une autre actrice, ensemble ils tournent cartons sur cartons mais bien évidemment, George tire la couverture à lui.

Un jour, à la sortie de la première de son dernier film, pendant qu’il fait le zouave devant un parterre de photographes, un cliché est pris alors qu’une inconnue l’embrasse sur la joue. La photo fait la une des journaux le lendemain avec ce titre : Who’s that girl ? Et bien, elle s’appelle Peppy Miller. La jeune femme, délicieusement belle, veut faire du cinéma. Avec un culot réel, elle se fait engager grâce à l’intervention de Georges Valentin auprès de son producteur interprété par John Goodman. Rapidement, le jeune fille grimpe les échelons et devient à son tour la préférée du public. Seulement, une révolution se prépare : l’arrivée dans les salles du cinéma parlant. Avec son avènement, bon nombres de ces piètres acteurs de muet, qui ne faisaient finalement que des mimiques sont tombés dans l’oubli. Georges Valentin est de cette race là. En plus, il s’entête à refuser le progrès : si c’est ça l’avenir, dit-il au producteur Goodman, je vous le laisse !  Bouffé par son orgueil, il n’admet pas l’évidence et s’entête à réaliser son propre film muet sans l’aide des studios. Evidemment, ce sera le bide annoncé et la crise de 29 lui donnera ce petit coup de pouce qui le conduira à la faillite. Dès lors, Georges Valentin va vivre une descente en enfer, surveillé toutefois de très près par Peppy Miller, Peppy amoureuse secrète de son Georges. Mais cet amour se concrétisera-t-il ? Réussira-t-elle à lui faire entendre raison ?...

 

 

Voilà une histoire qui rappellera aux plus cultivés des cinéphiles celle qu’a pu connaître en son temps Greta Garbo avec John Gilbert. Oui, il y a en effet un peu de ça dans cette histoire, dans ce film formidable tourné dans les décors mythiques à Hollywood, ceux où l’on réalisa par exemple  LA RUEE VERS L’OR. Inutile de vous dire que le projet et le tournage surtout de THE ARTIST a titillé les équipes américaines. Imaginez une bande de français un peu allumés venus squatter leur Hollywood pour tourner un film muet en noir blanc rendant hommage à cette période clé de l’historie du cinéma. Ca intrigue et ça amuse aussi ! Ce qui est amusant surtout, ce sont les gags dans le film, qui font mouche. Quand Georges découvre le bruitage, ça fonctionne bien. George pose un verre sur une table et ça fait du bruit. Ça le trouble. Il entend des femmes rires… C’est le cauchemar pour lui. Autre chose dans le même registre, alors qu’il traverse une mauvaise passe avec sa femme, elle fini par lui mimer : il faudrait qu’on se parle ! dans un film muet, c’est drôle. Pareil lorsqu’il évoque son chien et qu’il dit à une dame dans la rue : il ne lui manque plus que la parole. Régulièrement, quelques gags viennent donc rythmer cette love story d’antant THE ARTIST qui a remporté touts les suffrages, une bonne idée que de le programmer en compétition un dimanche matin à Cannes !

 

 

 

 

CANNES BY NIGHT

 

 

 

En dehors des films, on peut aussi se balader sur la Croisette. Le samedi soir, c'est la Cour des miracles avec son improbable défilé de barby en toc et de pinguoins en carton!

 

 

Certains friment en bagnole pendant que d'autres tentent déespérement d'amadouer des physionomiste pour entrer dans les soirées privées sur la plage, autant dire mission impossible sans césame magique.... et puis, la zique est tellement forte, et naze, qu'il vaut mieux contempler ce spectacle depuis le bitume, sur le trotoir du Carlton ou du Mayott. D'ailleurs, le seul spectacle offert à tous est le somptueux feu d'artifice... après celà, retour aux choses sérieuses, les films....demain!

 

 

 

 

 

 

LA GUERRE EST DECLAREE

 

 

 

Vu à la Semaine de la Critique, LA GUERRE EST DECLAREE de Valérie Donzelli, un film bourré d’émotions, un long métrage inspiré de sa propre histoire. Elle utilise le cinéma non pas comme un outil de psychanalyse mais bel et bien comme d’un moyen d’exorciser ce qu’elle a vécu même si elle s’en défend… Figurez-vous qu’il y a quelques années, Valérie Donzelli mettait au monde un enfant dont elle allait apprendre 18 mois après sa naissance qu’il était atteint d’une tumeur maligne au cerveau. Dans son malheur, un chirurgien s’est proposé d’intervenir. L’opération s’est bien passée, l’après aussi, tant et si bien que le bébé aujourd’hui a 8 ans et qu’il se porte comme un charme. Par contre son couple a explosé en plein vol. On imagine le sacrifice que ça a demandé que de s’occuper à temps plein de cet être si aimé qu’on est prêt à tout pour le sauver : ne plus travailler, vendre un appartement pour continuer à subvenir à ses besoins, compter sur la mini aide de l’Etat et emménager dans des maisons parents à proximité de l’hôpital où est traité l’enfant. Evidemment que cette histoire, elle ne pouvait pas la garder pour elle. Elle a donc écrit un scénario et convoqué Jérémie Elkaïm, son mec dans la vie pour jouer son mec au cinéma. Roméo est le père de l’enfant dans le film. Juliette est la mère ! Dans la vie, c’est pareil. Si on se met ensemble, on risque de galérer lui dit Roméo à leur première rencontre, une parole évidemment divinatoire car la galère sera leur lot quotidien.

 

 

LA GUERRE EST DECLAREE, un film enthousiasmant mais pas non plus totalement réussi, la faute à quelques sorties de pistes dommageables telles que cette incursion dans la comédie musicale, le temps d’une seule chanson… bof, pas terrible.

Ceci dit, il y a parfois de bonnes idées, comme partir d’un bruit industriel et en arriver à un son électronique qui vire au punk le tout pour résumer en image une rencontre amoureuse qui se passe lors d’un concert. Mais la plus brillante des trouvailles, c’est que Valérie Donzelli ne joue surtout pas la carte du drame, du tire larmes à tout prix. Eusse été très facile de tomber dans ce piège. Elle esquive et  malgré la gravité de la situation, ne perd jamais de vue qu’une certaine légèreté doit traverser son film. Il faut dire que ces parents là ont décidé de déclarer la guerre au cancer, qu’ils positivent en permanence au lieu de s’apitoyer. Ils vivent le temps présent et non pas avant d’envisager le futur, un futur qui pourrait être morbide et amènerait le ton du film sur la voix du mélodrame. Pas question d’emprunter cette piste là. D’ailleurs, Valérie Donzelli aurait bien aimé aller plus loiin, traiter le sujet sous forme de comédie mais elle s’est refreinée. Qiuelques gags brulesques ont tout de même résisté au montage intraitable. Et le film de montrer certes ce combat, mais avant tout, une histoire d’amour, belle, forte, une love story plus qu’un drame familial.

 

 

LA GUERRE EST DECLAREE, un film tourné en équipe réduite avec un appareil photo Canon, des vrais infirmières, un vrai hôpital Necker et des techniciens "couteaux Suisse", selon Jérémie Elkaïme, c’est à dire, des personnes sachant tout faire, pouvant tout faire… exit le protocole lourd et pompeux qui hante traditionnellement les plateaux de tournage. Ici, c’est une équipe, une famille qui a décidé de faire ce film pour le plus grand plaisir des spectateurs qui ont pu le découvrir en ouverture de la semaine de la critique.  

  

 

 

 

LE GAMIN AU VELO

 

 

 

Dévoilé en compétition, du Belge avec les incontournables frères Dardennes déjà palmés mais... qui cette fois se sont pris les pieds dans le guidon et devraient passer à coté d’un quelconque trophée. LE GAMIN AU Velo est en effet un excellent film mais malheureusement sans surprise. Misère sociale et sentimentale sont les ingrédients, toujours les mêmes avec les Dardennes, sauf que dans ce film ci, ils les accommodent à la sauce mauvais papa. En effet, un mauvais père abandonne son fils car il n’a plus les moyens de l’élever, plus l’envie non plus. Il préfère le laisser à l’assistance et le gamin de tout faire pour retrouver son père. Malgré elle, Cécile de France qui un jour croise ce môme tendance pitbull indomptable se prend d’amitié pour lui. Elle lui tend la main, sans qu’on sache réellement pourquoi, sans doute un désir de maternité inassouvi, et l’aide comme elle peut à surmonter cette difficulté.

 

 

Mais même l’amour de cette étrangère ne peut avoir raison de la rage de cet enfant, une haine bien légitime, une détermination sans faille surtout. Il veut son père, un point c’est tout. Et quand un petit délinquant lui propose un coup foireux, ile le fait, ne serait-ce que pour apporter de l’argent à son papa qui en a bien besoin. Le gamin au vélo, un film qui repose essentiellement sur ce môme, Thomas Doret, troublant. Pour le reste, la mise en scène se veut comme d’hab efficace et brute de décophrage. A noter une nouveauté puisque voilà qu’un nouvel élément jusqu’alors snobé intervient dans ce film : la musique. Il y en a, quelques notes de violons, toujoues les mêmes qui reviennent à chaque changement de chapitre. Pour l’annecdote, Olivier Gourmet a droit une fois encore à sa scène clin d’œil,  le temps de rembarer le gamin au vélo alors qu’il vient dans le bar que fréquentait son père.

Bref, un concurent à la palme distancé, pas dans le peloton de tête à moins que Robert De Miro se laisse aveugler par la très carrée Cécile de France.

 

 

 

 

 

MISS BALA

 

 

 

Présenté dans Un Certain Regard, un film mexicain MISS BALA pour montrer une fois encore à quel point vivre au Mexique est un cauchemar, le pays étant gangréné à tous les niveaux de l'Etat.

Police, politique et criminels de la drogue, même combat. Ils sont tous plus ou moins complices. La jeune et belle Laura va en faire les frais. Partie pour un concours de reine de beauté, la future miss se retrouve un soir là où elle n'aurait jamais dû être, au Millenium, une boite clandestine. Dans l'arrière salle, des Vip, essentiellement des policiers, font la fête. Parce qu'ils sont imbibés d'alcool et donc potentiellement dangereux, elle tente de décider sa copine de décamper. Et c'est pile au moment où la demoiselle se décide enfin que des guerieros prennent d'assaut l'endroit et flinguent tout ce qui bouge. Laura s'en sort miraculeusement. Le lendemain, elle se rend à la police pour demander qu'on recherche sa copine disparue. Pas de bol, le flic la conduit directement chez les types qui ont commis le carnage. Et là voilà qui se retrouve l'otage, pour ne pas dire le pion de Lino, le chef de ce Cartel connu sous le nom de L'Etoile. Obligée de répondre aux moindres demandes de Lino, elle obtient en contre partie sa couronne de Miss Bala après moult péripéties. Mais plus l'histoire avance et plus la relation dominant dominé qui s'instaure vire au mal saint. Un viol plus tard, Laura échappe de peu à la mort. On lui confie encore une mission : flirter avec un Général. En le divertissant, il sera plus aisé pour le Cartel de le descendre. Et Laura de s'apercevoir trop tard que le plan initial n'était pas de buter le grader, mais ses hommes de mains, devenus gênants pour ses affaires. Pire, c'est elle qui sera présentée à la presse comme la commanditaire de cette tentative d'assassinat.

 

 

Miss Bala, une reine des pommes pensez-vous ? pas exactement, plutôt une jeune fille qui n'a pas eu de chance et pour survivre au Mexique, mieux vaut pouvoir s'appuyer sur une bonne étoile. Il ne faut jamais se mêler de ce qui ne vous regarde pas. Si quelqu'un se fait buter dans la rue devant vous, passez votre chemin en baissant la tête sans poser de questions. Ne songez surtout pas à prévenir la police ! Elle ne sera pas là pour vous protéger mais pour vous éliminer. Tout ça s'explique aisément. Au lendemain de la révolution mexicaine, en 2000, le parti de l'opposition remporta la victoire, mais incapable de maintenir l'ordre politique et social, le gouvernement a laissé la corruption gangrener le pays tout entier. Les barrons de la drogue ont noué des alliances insensées avec des hauts dignitaires. Le commerce des stup avoisinait en 2006 les 35 milliards de dollars. Forcément que le niveau de violence a lui aussi grimpé en flèche pour devenir carrément alarmant.  Le gouvernement de Felipe Calderon a décidé de reprendre la main. Son opération de nettoyage s'est soldée par la mort de 35 000 personnes. Aujourd'hui, les mexicains n'ont souvent qu'une alternative pour échapper à cette violence, la fuite, l'immigration. Quiconque se met en travers de la route des Cartels s'expose à une mort certaine.

 

 

Pour raconter ce Mexique là, le producteur Pablo Cruz est parti d'une coupure de presse qui dévoilait en substance qu'une miss de beauté était accusée de faire partie d'un Cartel. Comment cette femme s'est-elle retrouvée là ? Qui l'a manipulée ? Quels moyens de pression a-t-on exercé sur elle ? Le réalisateur Gérardo Naranjo, lui aussi frappé par cet article se met à l'écriture d'un script. Les deux hommes sont d'accords pour ne pas raconter le trafic de drogue. La seule manière de montrer avec crédibilité le Mexique d'aujourdhui, ce pays devenu un champ de bataille est de le faire du point de vue d'une jeune fille respectueuse des lois et qui se retrouve confrontée au monde brutal de la criminalité. C'est donc l'histoire de cette innocente que raconte MISS BALA, un film brillant, prenant, maitrisé qui s'appuie sur deux acteurs au talent immense, Stéphanie Sigman dit Laura et Noé Hernandez alias Lino le chef du Cartel de L'Etoile.

 

 

 

 

 

 

HABEMUS PAPAM

 

 

Vu en compétition, HABEMUS PAPAM ou comment Nanni Moretti rend hommage à michel Picoli qui est en fait le pape des acteurs français. C’est vrai qu’il l’érige au rang de sainteté dans cette comédie papesque où pour tout dire, lors d’un conclave, alors que la plupart des cardinaux prient secrètement pour ne pas devenir pape, Michel Picoli, l’outsider sort de l’ombre, celui dont la cote était à 70 contre 1 d’après les bookmaker anglais. C’est sur lui que les cardinaux misent, lui qui était prêt à tout sauf à devenir pape. Et voilà que cet homme qui n’a pas le choix accepte bon gré mal gré sa nouvelle condition. Le problème, c’est qu’il est immédiatement frappé d’une grosse dépression, sans doute le poids de la responsabilité est trop lourd pour lui. Il ne sent pas l’âme d’un guide spirituel. Horreur malheur au Vatican, le nouveau pape reste cloitré dans la chambre des larmes et refuse de se pointer au balcon pour bénir la foule et accessoirement, faire son discours inaugural…

 

Bien sur que tout est mis en œuvre pour lui faire retrouver cette confiance en lui qui lui fait défaut. On convoque même dans l’enceinte du Vartican un psychiatre athée pour l’écouter et le guérir de sa déprime. Comble de l’ironie, Freud au service du pape, on croit rêver… on se bidonne évidemment avec l’apparition dans ce film de Nani Moretti en psychiatre. Très honoré de rencontrer le pape, il se fout du protocole mais très vite, il s’aperçoit qu’il est prisonnier dans ces murs. Et oui, tant que le pape n’est pas apparu au balcon, personne à l’extérieur ne doit savoir qui a été élu. Donc le psychiatre est condamné à rester là tant que le pape ne se pointera pas sur son fichu balcon. Le psy trouve le temps long, il passe du temps avec les cardinaux, quitte à organiser un tournois de volleyball, et Nani Moretti de nous montrer finalement que ces hommes d’églises sont avant tout des hommes comme les autres avec leurs délicieux petits travers.

 

 

Le plus rigolo, c’est que le pape va se faire la belle et échapper au chef du protocole ainsi qu’à la Garde Suisse pour aller incognito au contact des italiens. Une mascarade se met donc en place sans que les cardinaux en soient informer. Il faut faire croire que le pape s’est enfermé dans sa chambre. Un Garde Suisse prend sa place pour secouer les rideaux de la chambre, manger aussi… Pour le grand public, il faut faire croire que le pape est en train de prier pour être à  la hauteur de la mission qui l’attend. En tout cas, le pape déambulant incognito dans les rues de Rome, c’est l’occasion pour lui de se rendre compte qu’il a toujours voulu être un acteur mais surtout pas un pape.

 

 

HABEMUS PAPAM, un film où la grotesque cohabite avec le réalisme, où la comédie se dispute avec le drame. Ce film raconte le vatican de nani moretti, son vatican, son conclave, ses cardinaux.

Evidemment tout relève de la fiction même si Nani moretti  avoue avoir respecté la liturgie et tout le folklore qu’on imagine. Il se moque gentiment de ce monde à part et fermé, il se moque aussi de la psychanalyse… HABEMUS PAPAM, une respiration bienvenue, bien accueillie également ce matin en compétition officielle.

 

 

 

 

 

POLISSE

 

 

 

Vu en compétition officielle, ce film de Maïwen qui confirme tout le bien que l’on peut  penser de cette femme. LE BAL DES ACTRICES était déjà un excellent long métrage. Avec POLISSE, elle monte d’un cran et s’engouffre dans le sillage d’un Xavier Beauvois et d’un Laurent Cantet… POLISSE est la rencontre parfaite entre LE PETIT LIEUTNANT et  ENTRE LES MURS, la sensibilité de Maïwen faisant la différence. POLISSE avec deux "s" "e",  un titre à prendre comme une expression à la Titeuf comme pour signifier que la vie, c’est pô lisse, c’est en dent de scie avec des hauts, avec des bas surtout quand on travaille à la brigade de protectioon des mineurs, la BPM de Paris.

 

Direct, Maïwen vous prend par le colbaque et sur un rythme hystérique enchaîne caméra à l’épaule les séquences d’interrogatoires, de cantine ou de terrain. Son cinéma vérité fait tout de suite mouche car les acteurs ne jouent pas. Je ne sais pas comment elle s’y est prise exactement pour obtenir autant de justesse de la part des Joey starr, Karine Viard, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle et j’en passe car c’est un film d’équipe… tous sont excellents. La caméra épaule n’explique pas tout. On ne voit plus les acteurs mais les flics de la BPM, des humains avant toute chose, mais des humains tellement blindés à force de recueillir, d’entendre, d’écouter des horreurs, des victimes de viols, des pédophiles qui minimisent leurs actes, des mères qui découvrent que leur mari abuse de leur fille. L’arrogance des gens friqués qui se croient protégés donc au-dessus des lois et qui le sont ce qui leur donne le droit de violer leurs enfants. Il est des scènes déchirantes, émouvantes qui vous arracheront une larme comme celle du gamin que sa mère veut abandonner car elle n'a nul part où aller et elle veut qu'il soit placé dans un foyer, qu’il dorme au chaud. La séparation se passe évidemment dans la douleur. Il y a encore cette jeune fille qu’on vient voir à l’hôpital,qui accouche d'un bébé mort né et qui en fait est le fruit d'un viol à qui elle doit malgré tout donner en prénom.

 

 

 

Evidemment qu’à la longue ces humains blindés craquent. Ils ont pour la plupart des problèmes conjugaux car ils doivent tout garder pour eux. Comment partager le soir venu avec sa femme sa journée de travail. Écouté chéri c'était super aujourd'hui une mère m'a décrit avec précision que la chatte de sa fille était explosée a cause de son mari qui la violait a répétition.  Ensuite une gamine m'explique qu'elle avait subi un viol collectif dans un parking et puis une petite fille de 5 ans m'a fait comprendre que son papa lui grattait les fesses mais y avait rien de grave ….Ça créé des tensions familiales, et même au sein de l’équipe, ça éclate parfois mais il y a aussi un réelle complicité. Y a un esprit de famille, d’ailleurs le chef de la brigade, on l’appelle Papa. Papa doit parfois intervenir pour ramener à la raison ses enfants… Ils côtoient tellement d’horreur qu’ils ne se rendent pas compte de la difficulté qu’une victime peut avoir à exprimer ce qu’elle à enduré… Y a un coté froid en eux… on n’est pas là pour juger madame, si votre mari vous prenait par devant ou par derrière, on s’en fout, on doit juste le savoir pour constituer son profil et ainsi apporter des éléments au juge qui le mettra en prison… alors madame, il vous sodomisait votre mari ? Oui,… tous les soirs… oui… de force… oui, merci madame…

 

 

On voit aussi les interactions entre ces flics, leurs histoire d’amour, parce qu’il y en a, leurs discussions sur à la cantine sur Sarkozy, sur la dégradation de l'image des flics et du respect disparu. Ils parlent aussi de cul, de bite de manière crue. Ils sont cash. Plus cash qu’eux des adolescentes qui leur apprennent avec stupeur qu’on est plus au temps de Louis 14… les jeunes, ça baise, ça suce dès 14 ans. Faut vous réveiller.. c’est vrai que des fois des jeunes filles, pour récupérer un portable sont prêtes à sucer 3 mecs… Et Joey Starr de demander à la demoiselle, il devait être beau ton téléphone… oui très beau.. .Et pour un ordinateur, tu fais quoi ? la scène est dérangeante parce que si le dialogue est drôle, si les flics ne peuvent s’empêcher de rire, le spectateur lui est mal à l’aise un peu comme cette ado naïve. Cette scène est hallucinante comme tellement d’autres.

 

 

Ceci dit, il y a quelques erreurs dans ce film qui fait qu’il n’aura pas de palme d’or, mais il sera au palmarès, c’est sûr ! le vrai défaut, c'est le personnage de photographe que joue Maïween et qui amène de la romance entre elle et Joey Starr. Cela rallonge la sauce juste pour permettre une pique contre les photographes qui ne savent chopper que le misérabilisme et pas le reste. Ça permet des respirations pour sortir un peu du sordide sans quoi le spectateur aurait de la peine à tenir jusqu’au bout. Ceci dit, un peu plus de radicalité à ce niveau aurait évité une scène qui sonne très faux celle où l’on voit que l’on fait du cinéma, car on vient fêter un événement heureux en boite et Joey se la pète sur la piste de danse. D’un mot pour conclure sur le casting, Karine VIARD, Marine FOIS, Nicholas DUVAUCHEL sont exceptionnels. Joey STARR est terrible surtout quand il prend ses colères. Il est incapable de laisser l'humain qui est en lui de coté.  Il est entier et se fritte avec la hiérarchie. Il a un coté zorro.

 

 

 

WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN

 

 

 

Présenté en compétition un film qui divise. Pas de juste milieu, ou on le rejette ou on est emballé par ce WE HAVE TO TALK ABOUT KEVIN. Pour ma part, j’ai rarement vu un film aussi excellent sur le rapport mère/fils où quand une maman essaye de comprendre pourquoi elle a enfanté un monstre.  Est-ce sa faute, celle de son mari qui ne voit rien et surtout pas que ce fils se prédestine à devenir un solitaire haineux, doué de cruauté, aussi intelligent qu’habile et diabolique manipulateur ?  La monstruosité, est-ce dans les gènes tout simplement ? A ces questions, vous n’aurez pas de réponses, de quoi hérisser les cartésiens qui aiment avoir des réponses à tout prix. Et si pour une fois, il fallait se contenter de simples pistes de réflexion? Et si pour une fois, il fallait être actif et non passif après une telle vision? Et si pour une fois, un film permettait de remettre en question ses convictions ou au contraire, de les conforter quand à l’origine d’une monstruosité?

 

Il est vrai que si le cinéma explore souvent le parcours des psychopathes, s'attachant essentiellement à montrer leurs actes de barbarie, il ne s’attarde que trop rarement sur les raisons qui conduisent un homme sur la voix du crime. Et bien voilà que la britannique Lynne Ramsay s'est emparée du sujet et la traité avec une réelle maestria. D’autres diront peut-être qu’il s’agit d’un bien mauvais pâté dégoulinant esthétique à l’extrême. Moi, j’aime le pâté… pardon, moi j’aime l’extrême, j’aime les contre-pieds où quand la beauté est au service du sordide. J’aime ces gros plans sur une bouche d’ado tête à baffe qui croque un letchi juteux alors qu’il déteste ça, fait semblant de se délecter, une scène qui énerve sa mère à telle point qu’elle quitte la table, le rêve de bon nombres de spectateurs. Ce plan énerve, il agace et c’est bon signe, c’est que finalement elle réussi son pari, elle atteint son but, celui de provoquer des réactions dans la tête des gens .En plus, ce scénario est implacable. Il ne montre pas une machine a tuer comme dans POLYTECHNIQUE du québécois Denis Villeneuve. WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN est plus a rapprocher d’une précédente palme d’or cannoise, ELEPHANT de Gus Van Sant. Et c’est là sans doute son unique défaut. Lynne Ramsay malmène la linéarité de sa narration et la temporalité comme Gus. La violence l’importe peu comme Gus, ce qui compte c’est la racine du mal comme Gus et quand il n’y a pas de raison explicite à une folie meurtrière, le malaise, le trouble, voire l’agacement vous guettent. Pour tout dire, on ne devrait pas faire l'amour et tomber enceinte le soir de la fête de la tomate. On connaît cette fiesta espagnole où les gens se roulent dans un bain de jus de tomate à travers les rues de la ville. On se vautre dans les pépins, dans le liquide rouge, un rouge qui vous poursuit tout au long de votre vie. Et c’est ce que Eva va expérimenter. Le soir de la fête de la tomate, elle tombe enceinte. Avant d'accoucher, on sent que cette mère ne désire pas ce bébé. Elle tire la tronche contrairement aux autres futures maman, radieuses.

 

 

A la naissance, dès les premiers mois de sa vie, ce bébé ressent le manque de désir et d’amour de sa mère. Un bébé, ça pleure et comme elle ne supporte plus ses cris, elle va jusqu’à le promener dans des zones de travaux en ville, préférant le bruit du marteau piqueur aux cris de son fils. Plus tard alors que Kevin est en âge de parler, il s’enferme dans un mutisme pour enquiquiner sa mère. Il continue à porter des couches jusqu’à 6 ans et fait exprès de les souiller à peine changées. Délicieux, adorable avec papa, il est infâme avec maman. Il va même le lui dire. Tu ne m'aimes pas : tu t'es juste habituée à moi et on peut très bien s'habituer à ce qu'on n’aime pas. L'arrivée d'une petite sœur va décupler la haine masquée mais bien réelle du môme jusqu'à ce que le pire survienne.

 

 

Toute la réussite du film tient en 3 choses. L’esthétique très belle, on la dit énervante avec des gros plans, une image bien léchée, bien éclairée, des ralentis bien sentis… ensuite, le montage qui explose les différentes temporalités est semblable à une symphonie sur la mémoire. Des bribes d’images, des scènes désordonnées reviennent à la surface. On les dates parfois difficilement. Cette femme brisée repense à quelques épisodes clés de sa vie heureux ou malheureux, épisodes qui éclairent le spectateur alors que dans son quotidien, on ne lui fait pas de cadeau. Elle ne peut même plus aller faire ses courses sans risquer de se prendre un bourre pif en pleine rue.

Et plus le récit avance, plus on comprend quel tragédie l’a frappée, elle et sa famille. Enfin, le choix et la direction d'acteurs. Tilda Swinton qui joue la mère désemparée qui n’a jamais eu le contrôle sur cet enfant, cette femme que tout le monde évite ou voudrait voir morte est formidable. Le gamin dictateur, Ezra Miller véritable tête à claque provoque des réactions épidermiques à chacune de ses apparitions. Il est épatant lui-aussi. WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN de Lynne Ramsay, un film présenté en compétition qui n’a pas fait l’unanimité aujourd’hui.

 

 

 

 

 

THE SLUT

 

 

 

Vu à la Semaine de la Critique, en compétition cette salope de THE SLUT de Hagar Ben Asher, un film israélien, cinéma qui a le vent en poupe en ce moment.

C’est vrai que les productions qui parviennent jusqu’à nos salles sont en général d’excellentes factures. THE SLUT, n’échappe pas à la règle. Ici, Tamar, une femme qui élève seule ces 2 fillettes travaille dans un poulailler. Elle récolte des œufs et les vend pour nourrir ses enfants. Cette femme parfaitement équilibrée a un  vice caché : elle est incapable refreiner son appétit sexuel et couche avec plusieurs hommes du village mariés ou pas, c’est égal. Elle aime le sexe pour le sexe. Un jour, une vieille connaissance refait surface. Bien sur qu’une partie de jambes en l’air sera vite programmée. Mais ce qu’elle n’avait pas imaginé c’est qu’elle tomberait amoureuse de cet homme si prévenant avec ses filles, si charmant avec elle. Tarma va bien tenter de mettre à un terme à ses aventures d’une heure, mais le sexe agit sur elle comme une drogue. Il lui faut sa dose de pénis. Pas question d’entrer en désyntox.Bientôt, l’envie sera plus forte et elle retombera dans ses travers. Qu’importe pour son compagnon qui se dit prêt à supporter ses écarts par amour pour elle. Seulement, la jalousie , le dégout vont pousser ce type à trouver le moyen ultime de faire réagir Tamar (en violant l’une des fillettes).

 

 

Film où le plan fixe est roi ce qui n’interdit pas quelques traveling, celui qui ouvre THE SLUT est par exemple impressionnant. Un cheval s’échappe de son pré. Il franchi la barrière et part au galop. Sa course folle est arrêtée nette après un choc avec une voiture. C’est en fait la scène de fin de THE SLUT. Après la mort du cheval, on revient un peu dans le passé, le temps de nous compter cette histoire de femme libre, libre d’user de son corps à sa guise. Il y a presque du féminisme dans l’air, un message pas du tout subliminal, bien au contraire, très appuyé. Tamar utilise les hommes comme des objets, pour assouvir sa soif de sexe et puis c’est tout. Elle l’assume parfaitement. Mais a-t-on le droit de décider d’un avortement seule, sans en parler au concerner ? Oui, mais attention, le prix à payer peut ensuite s’avérer extrêmement fort !

 

 

THE SLUT, avec une cochonne et d’autres animaux encore. Ils ont une importance capitale dans le film. Il faut dire que le compagnon de Tamar est vétérinaire. Faut-il voir dans ce défilé de moutons, chèvres, chevaux, chiens, pigeons, pintades, poules et j’en  passe une métaphore pour signifier la bestialité du désir de sexe de Tamar ? Certainement. Toujours est-il que THE SLUT est un film sensible, sans fausse pudeur où les scènes de sexe sont rarement montrées. Ce n’est pas un film de boule, non plus, tout juste un film pour affirmer que les femmes aussi ont des désirs et qu’elles doivent pouvoir les assouvir.

 

 

 

 

 

SLEEPING BEAUTY

 

 

 

Sleeping Beauty le premier film de la compétition, premier film aussi pour sa réalisatrice Julia Leigh a été dévoilé hier. Il concourt du coup pour la caméra d’or du meilleur premier long métrage. Je vous rassure, il passera inaperçu et dans 10 jours, nul doute que De  Niro et ses jurés l’auront oublié, comme tout le monde d’ailleurs! Sleeping Beauty revisite à sa manière le compte de la belle au bois dormant. Tout es là, le sentier, le manteau à capuche, l’étrange maison de campagne, la chambre du sommeil, la sorcière qui endort les jeunes filles et les princes pas charmants! SLEEPING BEAUTY traduit littéralement, la beauté qui dort est un film ronflant. Pour sûr, il n’y a pas que la beauté qui dort, les spectateurs aussi avaient de quoi piquer du nez ! Une chance, c’est que les programmateurs l’ont placé en début de Festival, alors que les batteries sont encore chargées à bloc. Du coup, pas question de piquer un roupillon d’autant que la Beauté du film, Emily Browning, a des arguments convaincants pour laisser éveillés les plus fatigués et ennuyés par ce film pourtant soutenu par une Jane Campion. A dire vrai, Emily Browning est le seul argument de ce long métrage décevant. Décevant car sur le papier SLEEPING BEAUTY semblait bourré de promesses.

 

 

Jugez plutôt, une jeune étudiante, Lucy, avec son cortège de problèmes financiers, qui ne crache pas sur un rail de coke, qui remplace le lait de ses céréales par de la vodka, qui aime le sexe, cette jeune fille hébergée chez sa sœur et qui, parce qu’elle ne paye pas sa part de loyer risque de se faire virer, cette jeune fille joue les cobayes pour la science. La scène d’ouverture, suffisamment intrigante, énigmatique laisse présager d’un film bourré de surprises. En fait, un type en blouse blanche dans son laboratoire prépare un tuyau de plastic. Il l’enfile par la bouche de Lucy, traverse tout l’œsophage et lui injecte de l’air par ce tuyau. Les plans suivants servent juste à exposer la vie pas spécialement trépidante de Lucy, un quotidien partagé entre ses cours, ses deux boulots, ses expériences médicales, son copain junk et son beau frère avec qui elle ne s’entend pas. Un jour, Lucy répond à une annonce dans le journal de l’université. On recherche des serveuses pour des soirées spéciales. Elle rencontre la patrone qui décèle en elle un réel potentiel. Ses soubrettes là sont toutes seins à l’air. Elles ont la cuisse porte-jartelle. Bref, elles sont des objets décoratifs au service de vieux messieurs qui aiment se remplir l’estomac en se rinçant l’oeil. Si ce genre de service inoffensif et bien rémunéré plait à Lucy, bientôt, la patrone va lui confier une autre mission : ingurgiter une tisane qui fait dormir pour permettre à ses vieux bande-mou de prendre leur pied comme ils peuvent en faisant la promesse de ne jamais pénétrer la belle au bois dormant.

 

 

Et voilà qu’on s’attend forcément à ce que le film déraille. En vain ! Julia Leigh  ne poursuit pas ce but. Elle évite le sordide et multiplie du coup les scènes redondantes ou l’on voit Lucy dormir pendant que ces vieux sagoins s’excitent sur son corps. Et l’on peine à comprendre où Julia Leigh veut en venir. Pourquoi ce film ? Pour montrer des vieux types bouffés par le désir de se sentir en vie mais incapables physiquement parlant de l’assumer ? Pour montrer que la vie d’étudiante est bien délicate et pas facile ? Pour parler d’une forme de prostitution qui n’en est pas vraiment une ? Pour montrer que de vilaines femmes exploitent des plus jeunes à des fins personnels ? Pour dénoncer la femme objet ? impossible à savoir. « Je voulais faire un film où le public puisse se dire : est-ce que j’ai vraiment vu ça ? » dixit Julia Leigh. Et bien oui, on a vraiment vu ça hier à Cannes et oui, on s’est d’un coup senti submergé par un amer regret, amer car Julia Leigh avait toute les cartes en mains pour aller beaucoup plus loin.

 

 

 

 

 

MIDNIGHT IN PARIS

 

 

 

 

Voilà une 64ème édition qui débute sous les meilleurs hospices ! Ce matin à 11h avait lieu la vision de presse de MIDNIGHT IN PARIS de Woody Allen, le film qui ouvrira le festival de Cannes ce soir. Etant donné le mystère qui planait sur ce film avec un black out total, une impossibilité de le voir avant le festival, la coutume voulant qu'une vision de presse du film d'ouverture est proposée chaque année, les rumeurs les plus folles, les fantasmes sur la mièvrerie de l'ensemble circulaient bon train. Ajouter une bande annonce pas très vendeuse, et l'on commençait déjà à redouter un film d'ouverture anecdotique comme tant d'autres. 

 

 

C'était oublier trop vite que ce vieux grigou de Woody Allen avait encore plus d'un tour dans son sac. Et il nous en a joué un sacré tour de magie. Quand on parcourt le dossier de presse, le mot magie revient toutes les 4 phrases dans les notes d'intention. Etrange....

On suspecte avant de voir le film que le New Yorkais va tenter de faire la nique à Mickey.... Je vous rappelle que disneyland Paris est dépositaire de la magie, et le début du film est loin de rassurer avec cette succession de clichés. Horreur, malheur. On a comme qui dirait l'impression désagréable que Delanoé a assisté Woody Allen, qu'il lui a intimé l'ordre de shooter les monuments, les parcs, les places, les rues pavées, les réverbères de Montmartre à la Concorde,  en passant par les Champs Elysée et le Champ de Mars avec sa Tour Eiffel. Même l'enseigne Tati a droit à ses 3 secondes de gloire. Y a de quoi de se prendre la tête à deux mains en se disant que ce MIDNIGHT IN PARIS ressemblera à un publi -reportage commandé par l'Officie du tourisme de la ville de Paris.

 

Imaginez qu'après cette entame décevante sur le moment, un auteur de scénario hollywoodien qui a décidé de devenir un auteur de romans se retrouve à Paris avec sa future épouse et ses beaux -parents. Entre lui et eux, il va y avoir comme qui dirait rupture. Si l'auteur se fait rêveur vante les louanges de la Ville Lumière, sa beauté, son passé, les 3 autres pestent contre les embouteillages. Paris, c'est bien pour faire du tourisme, certainement pas pour y vivre.

Très vite, le couple se chamaille d'autant qu'un ami d'enfance de la future mariée apparaît. Le pédant qui sait tout sur tout se la joue Paris culture. Il déballe sa science, au désarrois de Owen Wilson. Et vas-y que je vous trimbale dans des musées, que je déblatère devant une statue de Rodin et que j'humilie au passage Carla Bruni qui a 3 scènes dans le film et interprète une guide touristique. Owen Wilson fini par prendre la tangente, s'éloigner de sa potentielle future belle famille.

 

Ah qu'il est loin le Paris des Dali, Picasso, Hemingway, Cole Porter, Joséphine Becker… Toulouse Lautrec. Et, d'un seul coup, sans prévenir, au détour d'une scène de nuit dans une rue au charme désuet, le génie de Woody Allen de faire le reste. Il a l'idée, la bonne, l'excellente, celle que je ne vous dévoilerai pas, Il prend un cap aussi osé qu'amusant. Et il maintient comme ça la tension, l'enjeu dramatique, le rire aussi avec des dialogues qui font mouche, des situations cocasses et des apparitions de personnages tous plus délectables les uns que les autres.

 

MIDNIGHT IN PARIS devient un véritable enchantement, un tourbillon infernal, un film surréaliste, imaginatif, inventif, magique, génial, sublime. Presque 2 heures de pur bonheur pour une double comédie romantique puisqu'au delà de tracas amoureux de Owen Wilson, Woody Allen signe sa déclaration d'amour à Paris, ville qu'il aurait tant voulu habité s'il n'avait pas été new yorkais. 

 

 

MIDNIGHT IN PARIS le dernier fantasme de Woody Allen avec Marion Cotillard qui croise Owen Wilson, Carla Bruni et ses 3 scènes, Gad Elmaleh et ses deux apparitions dont une particulièrement drôle où on veut lui couper la tête. Même Atmen Kellif passe par là pour prendre la tension du beau-père de Owen Wilson!

Au milieu de cette galerie de personnages, mention spéciale à Adrian Brody sublime. Il fait une fixette sur les rhinocéros. Du grand art ! MIDNIGHT IN PARIS un film qui pourrait plaire à Bunuel ! 

 

 

 

 

 

Cannes 2011:

You talking to me?

 

 

 

jeudi 14 avril - Paris: la sélection officielle du Festival de Cannes 2011, présidé par Bob, pas le flambeur mais De Niro, est tombée ce matin.  

 

 

On peut déjà vous annoncer la palme d'or. The Winner is: Bernardo Bertulocci. Le réalisateur du Dernier Tango à Paris repartira avec une palme d'or d'honneur puisque le festival inaugure désormais cette tradition. Chaque année un cinéaste majeur mais qui n'a jamais obtenu le titre suprême se verra désormais offrir sa palme d'or d'honneur le soir de l'ouverture.

 

 

Jusqu'à présent, ça se faisait en catimini. Par exemple. Woody Allen, dit la fiotte car il refuse systématiquement de figurer dans la compétition, avait fini par gagner la sienne en 2002.

 

 

 

Cette année, Woody fera l'ouverture avec MIDNIGHT IN PARIS, un film qui sortira le 11 mai et qui s'annonce bourré de clichés, tourné à Paris donc avec de l'accordéon, de la tour Eiffel, du bateau mouche, du champs Elysées by night, de la Carla Bruni qui achète une baguette de pain, du Gad Elmaleh qui la regarde en coin! Oui, des grands acteurs dans un film anecdotique.

 

 

C'est souvent ça, l'ouverture de Cannes, un amuse bouche avant un menu qui cette année s'annonce copieux avec 19 sélectionnés sur les plus de 1700 films visionnés. Et l’on peut déjà souligner que quatre femmes sont en lice pour la palme, ce qui est une première dans l’histoire du festival. Mais scrutons de plus près cette sélection. Elle semble équilibrée avec des habitués, des novices et des palmés. Comme prévu, Lars Von Trier après le ‘scandalounet’ provoqué par Antichrist revient avec Charlotte Gainsbourg dans un film à l’ambiance fin du monde affirmée et intitulé Melancholia. 

 

 

Nani Moretti, après La Chambre du Fils bataillera avec cette année Habemus Papam alors que les frères Dardennes tenteront l’exploit de rafler leur 3ème palme avec Le Gamin au Vélo qui met en scène cécile de France. 

 

 

D’autres abonnés seront présents comme Almodovar qui après quelques hésitations honorera le festival de sa présence avec La Piel Que Habito, un retour hésitant après que son Etreinte Brisée fut accueilli très mollement il y a 2  ans sur la Croisette. Aki Kaurismaki, Grand Prix du Jury pour l’Homme Sans Passé en 2006 renouvellera peut-être cette performance avec son drame sur fond de maladie et de clandestinité, Le Havre. Paolo Sorrentino dont on se souvient encore de son superbe Il Divo présentera cette année la traque d’un ancien nazi par un fils de déporté d’Auschwitz dans This Is Must Be The Place. Dans un autre registre, Bertrand Bonello après être parti bredouille en 2001 avec Le Pornographe signe lui aussi son come-back sur la Croisette avec un film à priori sulfureux: L’Apollonide - Souvenir de la Maison CloseNotez que les américains sont un peu  à la ramasse. On a bien un film d’action us mais réalisé par un danois, Drive de Nicolas Winding Refn. Ceci dit, on vous a  gardé l’immense et le virtuose pour la fin, Terence Mallick. Dire qu’il est attendu est inutile tant le cinéaste américain est un mythe vivant. The Tree Of Life est seulement son 5ème long métrage en près de 30 ans de carrière, carrière qu’il a interrompu entre 79 et 99. L’auteur de La Balade Sauvage ou des Moissons du Ciel déjà récompensé à Cannes d’un prix de la mise en scène  devrait ravir les festivaliers avec ce qui est annoncé comme une épopée cosmique dans laquelle il met en parallèle une vision de l’humanité depuis sa genèse et les souvenirs d’un garçon maltraité par son père dans les années 50, un film avec Sean Penn et Brad Pitt.

 

 

C’est certain, Robert De Niro le président du jury couronnera celui-ci. Notez que ce Raging Bull de Taxi Driver, Vito Corléone est devenu un beau-père rigolard et taquin avec les années, donc lui et son jury pourraient très bien honorer Maïween. Pour son  troisième long métrage, la jeune réalisatrice montera pour la première fois les marches en tant que compétitrice. Elle sera sans doute accompagnée de Joey Starr et Karin Viard puisqu’ils jouent dans son film Polisse, une plongée au sein de la brigade des mineurs. On se réjouit aussi de découvrir Hara Kiri Death Of A Samouraï du prolifique japonais Takashi Miike qui présentera pour la 1ere  fois en compétition un film en 3D. 

 

 

On salive également d’avance devant le premier long métrage  Sleeping Beauty un compte de fée érotique australien signé Julia Leigh et produit par Jane Campion. Les premiers films, voilà de quoi occuper Bong Joon Ho le réalisateur sud-coréen de Memories Of Murder président du jury de la Caméra d'Or récompensant le meilleur 1er long métrage. Et quitte à dénoncer des présidents, Michel Gondry sera à la tête du jury court métrage alors que Emir Kusturica dirigera un certains pinard... euh pardon, regard, oui, Un Certain Regard, ou il devra choisir le meilleur film d'auteur. A signaler que l’ouverture d’Un Certain Regard se fera avec Gus Van Sant, L’éléphant palmé en 2003 présentera RETLESS, une nouvelle histoire d’ado. 

 

 

On trouve aussi dans cette section Hors Satan, de Bruno Dumont, ou encore Les Neiges du Kilimandjaro, de Robert Guédiguian, tourné à Marseille! Dire encore que Cannes, ce sont des films hors compétition pour la déconne, comme LA CONQUETE sur la montée de Sarkozy.

 

 

Film alibi juste pour garantir un peu polémique, La Conquête ne devrait pas faire plus de vague que ça, sauf si Podalydès qui joue Sarkozy monte les marches aux bras de la vraie Carla Jauni ! Encore faudrait-il qu’elle se pointe. Les paris sont lancés depuis longtemps. Rien n’est moins sûr. Par contre, ce qui est certain, c’est que pour la première fois en 64 éditions, des moutons monteront les marches et souilleront peut-être le tapis rouge, ceux du documentaire Tous au Larzac de Christian Rouaud.

 

 

 

 

 

 
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